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La peinture sans tableau de Fayçal Baghriche

photo Samir Ramdani

Pour cette exposition qui se tient jusqu’au 15 juillet au Shed à Notre-Dame-de-Bondeville, Fayçal Baghriche explore dans Suite et fin la notion de ready made à travers une installation d’un ensemble de plots de bois exotique.

Le Shed a donné carte blanche à Fayçal Baghriche. « J’ai été très impressionné par le lieu, par sa grandeur, ses ambiances avec ses murs décrépis. Ailleurs, j’en ai vu un seul comme celui-ci. C’était à Berlin ». Dans cette ancienne et immense fabrique de mèches de bougie, le plasticien propose une exposition de peinture singulière. Là, pas de tableau et surtout pas de geste de peintre. Fayçal Baghriche joue sur la notion de ready made avec Anagnorisis, une installation de 6 sculptures monumentales faites de longues tranches de troncs de bois exotique. « Je détourne ces plots de leur fonction pour révéler toutes leurs particularités. Ils ont la même histoire : ils viennent d’Afrique, ont transité par des ports et suivi un circuit qui leur est dédié ». Autre singularité : la tranche de ces troncs découpés est peinte de manière très simple. « C’est une codification pour reconnaître les essences : vert pour l’iroko et rouge pour le sipo ». Chaque installation est fendu naturellement en son coeur. « C’est une matière vivante comme notre organisme. Chacun pourra y projeter ses fantasmes en voyant cet être vivant couché au sol ».

Dans cette exposition intitulée Suite et fin, Fayçal Baghriche confronte Anagnorisis à Atlas Series, une série de 10 photographies prises au Maroc en 2015. « J’étais intrigué par la manière dont les paysans montraient des pierres semblables à de simples géodes aux automobilistes. Ils parvenaient à capter la force du soleil pour les faire scintiller. Dans leur façon de faire, j’ai détecté un geste photographique ».

Dernière oeuvre : Imperfections qui réunit un ensemble de verres présentant quelques imperfections. Ces bulles d’air qui se nichent dans la matière et sont marquées au feutre. « Je ne définis pas la forme du dessin proposé. Celle-ci est induite par l’encadreur qui ne peut utiliser son matériau pour travailler ». Dans ces trois séries, Fayçal Baghriche se met en retrait et révéler le geste de l’autre, la poésie ou la banalité du quotidien.

  • Jusqu’au 15 juillet, ouvert le mercredi et du vendredi au dimanche de 14 heures à 19 heures au Shed à Notre-Dame-de-Bondeville. Entrée libre. Renseignements sur wwwle-shed.com