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Picasso, un Normand pendant 6 ans

photo Raphaël Sanchez

Picasso a été un artiste aux multiples facettes. Jusqu’au 11 septembre, le musée des Beaux-Arts de Rouen présente le génie de Picasso qui a passé plusieurs années de sa vie au château de Boisgeloup, près de Gisors.

 

C’est une période très particulière de la vie artistique de Picasso qui est présentée jusqu’au 11 septembre au musée des Beaux-Arts de Rouen. Une période qui n’avait jusqu’alors jamais été étudiée. Sylvain Amic, directeur des musées de Rouen, aime à le répéter : « Picasso a été Normand« . En juin 1930, le peintre, déjà célèbre, achète le château de Boisgeloup, non loin de Gisors, dans l’Eure. « Il y séjourne jusqu’à l’automne 1936. Après, il y revient de manière épisodique » dans cette région qui a accueilli Monet à Giverny, Poussin aux Andelys et Pissaro à Éragny.

 

Seulement six ans en Normandie mais cet intervalle de temps a été très important pour Pablo Picasso. Il s’avère un moment charnière dans sa production artistique. « A Boisgeloup, il peut travailler autrement. Il aménage un atelier qui deviendra une vraie factorie. Dans ce lieu, il a toute latitude pour créer. C’est son premier atelier de sculpture« . Boisgeloup est aussi un havre de paix pour Picasso. « Il est loin de toutes les mondanités. C’est une retraite absolue où il peut se ressourcer. Il est contact avec la nature. Il a un entretien charnel avec la terre« . Le séjour en Normandie correspond aussi aux premières tensions avec Olga, son épouse. Le peintre tombe amoureux d’une jolie jeune femme, Marie-Thérèse Walter. « Avec elle, il retrouve les plaisirs simples » et l’inspiration revient.

 

photo Raphaël Sanchez

A Boisgeloup, Picasso relance sa carrière. Une nécessité parce que les surréalistes bousculent les codes. Le Catalan n’hésite pas à expérimenter, recycle tout ce qu’il trouve dans son domaine, crée les techniques de l’empreinte. Il travaille le bois, le plâtre, le fer, dessine, grave… Picasso invente alors un langage : il fait dialoguer sculpture et peinture. C’est ce lien fort que démontre cette exposition intitulée Boisgeloup : l’atelier normand de Picasso.

 

Marie-Thérèse Walter traverse l’oeuvre de cette époque. Picasso s’essaie au grand format. En sculpture, il crée un ensemble de portraits, des bustes et des têtes de femmes autour de la figure de celle qu’il aime. Elle est facilement reconnaissable avec sa chevelure en forme de crête de coq, ses yeux en amande, « des courbes et des contre-courbes« . Sur la toile, il assemble des cônes, des sphères, des croissants dans un équilibre instable. Il enveloppe sa muse de fruits pour évoquer la fertilité. Cette exposition est une promenade à la découverte de productions peu connues et très variées, de documents inédits dont un film émouvant tourné dans le jardin de Boisgeloup.

 

  • Exposition visible du 1er avril au 11 septembre, tous les jours sauf le mardi et les jours fériés de 10 heures à 18 heures, au musée des Beaux-Arts à Rouen. Tarif : 4 €, 12 €  et 9 € pour les trois musées (Beaux-Arts, Céramique et Le Secq-des-Tournelles). Accès gratuit pour les moins de 26 ans et les demandeurs d’emploi. Renseignements au 02 35 71 28 40.