/

Portrait d’un homme

C’est une reprise. Après une création au Centquatre à Paris en janvier dernier, quelques dates à la Ferme du Buisson en mars, Stéphanie Cléau reprend Le Moral des ménages d’Eric Reinhardt, une pièce jouée par Mathieu Amalric et Anne-Laure Tondu au Rayon vert à Saint-Valery-en-Caux avant une tournée en France.

 

moral des ménages« Nous n’avons pas joué depuis six mois. Nous avons ainsi eu le temps de laisser macérer les choses. Le spectacle prend une autre forme ». Stéphanie Cléau travaille à nouveau avec Mathieu Amalric et Anne-Laure Tondu, les deux comédiens, Le Moral des ménages d’Eric Reinhardt. « Il faut faire confiance au temps de la représentation. Au début, on va trop vite, on ne s’accorde pas de respiration. Aujourd’hui, le texte respire davantage ». Il respire aussi sur un plus grand plateau, celui du Rayon vert. « J’ai l’impression que ce texte a été écrit pour cet endroit ».

 

Deux jours de répétition pour quelques ajustements à un texte dense, « agréable à dire. En fait, il est écrit pour être dit. Il se prête au théâtre. Quand je l’ai lu, cela m’a provoqué plein d’images. Ce texte a en effet été très porteur ». Dans cette première mise en scène, Stéphanie Cléau confronte l’univers de l’auteur et à celui de Blutch. « Je voulais un plateau coloré en bas et, au-dessus, les dessins en noir et blanc, très charbonneux qui vont bien avec le personnage ».

 

Ce personnage, c’est Manuel Carsen (Mathieu Amalric). Il est un chanteur qui fuit la classe moyenne, « le marécage où vivaient ses parents ». « C’est un personnage ambigu qu’il est difficile de juger », remarque Stéphanie Cléau. « Je voulais un comédien qui puisse porter toute l’ambivalence, toute l’ambiguïté de Manuel. Mathieu arrive à lui donner une dimension humaine  qui rend le jugement compliqué. Si le personnage avait été joué par quelqu’un d’autre, il aurait été antipathique. Cette pièce est aussi le portrait d’un homme que l’on peut voir sous toutes les coutures ».

 

Un homme que l’on apprend à connaître à travers toutes les femmes qui l’entourent, sa mère, son épouse, ses maîtresse, son amour de jeunesse, sa fille. « Pour les incarner, je voulais une seule comédienne. Je trouvais cela intéressant d’un point de vue théâtral. Comme si toutes ces femmes n’en étaient qu’une seule. Comme si Manuel voyait sa mère partout. C’est très amusant à mettre en scène. Pour Anne-Laure, c’est super dur ». Cela crée un véritable duo entre une femme qui virevolte et un homme monolithe.

 

 

  •  Jeudi 25 et vendredi 26 septembre à 20h30 au Rayon vert à Saint-Valery-en-Caux. Tarifs : de 18 à 6 €. Réservation au 02 35 97 25 41.

 

Cette saison au Rayon vert

Sophie Huguet qui dirige désormais le Rayon vert a imaginé une saison axée sur les écritures contemporaines. « On va parler d’histoire, de problèmes sociétaux, de thèmes qui ne sont pas éloignés de nos vies. On va entendre des textes d’auteurs majoritairement vivants. Il y en a tant dont le travail est méconnu ».

Pas de rupture avec les programmations précédentes de Dominique Sarah mais une continuité avec des spectacles pluridisciplinaires, entre théâtre, cirque, danse, musique…  Sophie Huguet y apporte une couleur plus politique avec des créations plus engagées (Mon Traître de la compagnie Bloc Opératoire, George Kaplan d’Asanisimasa…). A noter notamment un triptyque des années 1970 à nos jours de la troupe In Vitro avec trois pièces, La Noce de Brecht, Derniers Remords avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce et Nous sommes seuls maintenant du collectif. Les compagnies régionales ont leur place dans cette programmation qui rassemble La BaZouKa, Akté, L’Eolienne, La Dissidente, Lucien et les Arpettes. Une saison pour s’interroger et s’émouvoir.