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Récits intimes d’artistes en exil

photo Christophe Raynaud de Lage

Il est question d’amour, de guerre et d’exil dans Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète. Gurshad Shaheman raconte 14 parcours intimes de jeunes adultes dans cette nouvelle création, jouée jeudi 6 et vendredi 7 décembre au CDN de Normandie Rouen.

photo Christophe Raynaud de Lage

Gurshad Shaheman aime les récits intimes. Il a raconté le sien la saison dernière dans Pourama Pourama, un spectacle bouleversant en forme de triptyque. Dans sa nouvelle création, Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète, l’artiste, associé au CDN de Normandie Rouen, change de sujet. Cette fois, il n’est plus au cœur de l’histoire. Il est allé à Beyrouth et à Athènes récolter la parole de garçons et de filles qui ont grandi pendant la guerre, vécu l’exil et caché des amours interdits.

« Ce qui m’intéresse ce n’est pas tant le témoignage mais les histoires. Je suis un artiste et non un activiste. Je viens de lire un essai de Kandinsky. Il dit : l’art est une vision universelle. Je donne une vision d’un individu et non une vision globale des choses. Je cherche à savoir comment les oppressions, la question du genre se traduisent dans les chairs. Donc je pars d’un vécu et j’invente quelque chose qui n’existe pas dans la réalité. À un moment, tout bascule dans la fiction ».

14 odyssées

Dans Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète, on croise Nour, comédien et manifestant à Damas, Nowara, jeune femme après avoir été un garçon star de la télé irakienne, Yasmine, jetée d’une agence de mannequin pour être transsexuelle. Sans oublier Elliott, Lawrence, Hamida… En tout 14 jeunes adultes qui veulent juste être eux-mêmes.

Après les rencontres, l’écriture. Gurshad Shaheman a commencé par retranscription de ces conversations. « En effectuant ce travail, je me suis aperçu que des choses se recoupaient. Notamment des quêtes personnelles qui sont des quêtes identitaires. Tous aspirent à la paix, à l’amour, à la sécurité. Pendant l’écriture, j’ai gardé un ordre chronologique. Je voulais des odyssées, des voyages ».

Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète est un spectacle en trois parties narrant la jeunesse de ces personnages, les questionnements sur les raisons de fuir leur pays natal, puis les départs et les arrivées dans les pays étrangers. Un long périple porté par des jeunes comédiens. « Avec un tel récit, il est essentiel de s’efface, se livrer entièrement et mettre quelque chose de son intimité. Il ne faut surtout une dimension de savoir-faire. Seuls les jeunes comédiens peuvent offrir une telle magie ». Gurshad Shaheman les réunit dans « un oratorio » où les vox portent une parole universelle, et les corps, une émotion.

 

Infos pratiques

  • Jeudi 6 et vendredi 7 novembre à 20 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. 
  • Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du vendredi 7 décembre
  • Tarifs : 15 €, 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. 
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr