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Rencontre au Havre : Hédi Kaddour à La Galerne

Avec Les Prépondérants, Hédi Kaddour a reçu cette année le prestigieux Grand prix de l’Académie française ainsi que le Prix Jean-Freustié. Deux récompenses pour un livre qui mérite le détour. Et un grand ; car l’ouvrage est conséquent. Il en parle mardi 1er décembre à La Galerne au Havre.

 

hedi kaddourHédi Kaddour sait raconter les histoires. Et plus elles sont fausses, plus elles ont l’air vrai. Mais l’auteur ne cherche à tromper personne car, l’action commence dans la ville de Nahbès que l’on aura beaucoup de mal à trouver sur une carte… On sait juste que l’on se trouve dans un protectorat français entre les deux guerres. Tunisie ? Maroc ? La vision de Hedi Kaddour se veut de toute façon plus allégorique. Une fresque, en fait, car le récit va partir ensuite dans plusieurs directions, vers la Californie, la France, l’Allemagne… Les Prépondérants, c’est l’histoire d’une page qui se tourne, d’une époque qui part en poussière ; à l’image de ces Prépondérants, club de notables coloniaux et conservateurs qui ne voient pas l’intérêt de l’indépendance du pays…

 

Tout commence avec l’arrivée début 1922 d’une équipe de tournage venue tout droit des Etats-Unis pour tourner Le Guerrier des sables. Un débarquement qui fait l’effet d’une bombe. Des femmes affranchies et court vêtues aux soirées arrosées, le spectacle offert aux indigènes est celui d’une liberté qui semble infinie. Pas trop au diapason de l’ambiance locale… Le lecteur fera alors la connaissance de Raouf, fils de caïd, qui va vite côtoyer le réalisateur et sa femme Kathryn ; Gabrielle, journaliste, Ganthier, ex-officier français et Rania, fille de notable en porte-à-faux avec son milieu… A travers le jeu entre ces personnages, c’est le monde qui change et le génie de Kaddour, c’est de nous le faire ressentir ostensiblement par une multitude d’anecdotes où l’humour trouve toujours son chemin. On n’est pas dans un essai historique. Le propos est ambitieux mais le récit au niveau des dunes, du quotidien. Un peu de vécu, beaucoup d’assemblages…

 

« Elle est aussi musclée qu’une Américaine, et elle a une vraie jambe Ziegfeld. » Cette fois, Raouf osa saisir l’occasion : « qu’est-ce c’est, une jambe Ziegfeld ? – C’est une jambe longue, fuselée mais pas maigre, une jambe de danseuse, Ziegfeld possède un music-hall où toutes les belles filles de New-York rêvent d’aller lancer leur jambe, tu n’as… jamais vu les jambes de ta cousine ? – La dernière fois, je devais avoir six ans… »

 

H.D.

 

  • Mardi 1er décembre à 18 heures à La Galerne au Havre. Entrée libre.