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Retour en cours

faire_le_gilles_robert_cantarella_c_drRobert Cantarella fait le Gilles. Il refait les cours de Gilles Deleuze. Comédien et metteur en scène, il partage cette parole philosophique lors de ce Faire le Gilles. Installé au milieu d’un plateau nu, une oreillette dans chaque oreille pour entendre la voix de Deleuze, il va donner deux cours sur l’Anti-Œdipe, un des textes les plus importants de Deleuze. C’est mardi et mercredi à la Maison de l’Université à Mont-Saint-Aignan dans le cadre du festival Automne en Normandie.

 

 

 

 

Quand vous avez écouté les enregistrements de Gilles Deleuze, sont-ce les mots ou la voix que vous avez entendus en premier ?

Cela a été concomitant. Les textes de Deleuze sont très éclairants. C’est une boîte à outils pour mieux penser, pour mieux réagir à des situations. J’ai donc entendu quelqu’un qui me portait. Après il y a eu la voix, le grain et la structure de la parole. Deleuze arrive à faire surgir un concept comme un paysage. Il a un pouvoir de la parole. Cela m’a bouleversé. On peut faire de la parole, un événement, une pensée et c’est ce que l’on recherche avec les acteurs. Deleuze pense devant nous comme un grand improvisateur. Cela a été ma première intuition.

 

Quelles ont été les intuitions suivantes ?

Tout est une affaire de paroles. En tant que metteur en scène, je suis très attaché au texte qui me donne des idées, des images. En repassant le texte, je réactive une chose ancienne. Je ne suis pas acteur, je n’ai donc pas de problème de figure, de maître. Je ne joue pas de personnage.

 

Etes-vous alors un guide ?

Je suis un traducteur. J’entends une langue, une langue qui m’est légèrement étrangère – c’est la langue de quelqu’un d’autre – et je la restitue dans mon corps. Comme un traducteur. Je la retranscrits avec mon outil. Je n’incarne pas. Je ne mets pas de sentiment. Je remets l’énergie de la pensée.

 

Aujourd’hui, quand on met des oreillettes dans ses oreilles, l’écoute est solitaire. Vous faîtes le contraire, vous partagez.

J’ai un tel bonheur à le faire depuis quatre ans. Je m’entends parler avec quelqu’un d’autre. Il prend ma place. Je lui passe mon corps.

 

Ecoutez-vous souvent les cours de Deleuze ?

Oui, j’écoute souvent pour les comprendre mieux. C’est un régal, comme le vin et la nourriture. On peut penser que la philosophie, c’est rébarbatif, compliqué. Non, c’est de la musique, des envies, des intuitions. J’y reconnais un art de la rhétorique. Il faut donc l’entretenir.

 

 

  • L’Anti-Œdipe

Gilles Deleuze (1925-1995), professeur de philosophie, a été chargé de recherche au CNRS. Il a apporté un regard très personnel sur l’histoire de la philosophie et de la littérature. Il a écrit en 1972 l’Anti-Œdipe avec Félix Guattari. C’est une critique de la psychanalyse. « Il est d’une telle mauvaise foi qu’il en est touchant, drôle », remarque Robert Cantarella. « Il jongle avec les concepts. Il dit des choses très belles sur l’idée de la ligne de fuite »

 

  • Mardi 3 et mercredi 4 décembre à 19 heures à la Maison de l ‘Université à Mont-Saint-Aignan. Tarifs : 16 €, 13 €. Réservation au 02 32 10 87 07 ou sur www.automne-en-normandie.com