Suspense autour de la piscine

la-femme-qui-flottait bisNeuf films sont projetés mercredi 14 mai lors de la première soirée du festival du court métrage, Le Courtivore. Parmi eux, il y a La Femme qui flottait de Thibault Lang-Willar qui a reçu le prix Révélation du festival européen du film court de Brest. Ce film de 18 minutes raconte l’histoire de Lionel et Raymond, deux voisins et grands naïfs qui peinent à prendre des décisions. Un matin, le premier découvre dans sa piscine le corps d’une femme. Thibault Lang-Willar décortique les comportements avec humour et suspense.

 

D’où vient l’idée de ce film ?

En fait, il y a quelques années, une loi concernant la responsabilité qu’on peut avoir vis-à-vis d’une piscine privée a évolué. On est un peu responsable de sa piscine comme d’une voiture. Je me suis demandé ce qu’il se passerait si un type retrouvait un corps dans sa piscine… sachant qu’il serait indirectement responsable. La piscine, c’est aussi une manière de créer une intrigue autour d’un élément simple et graphique. Forcément, dans la faisabilité d’un film, en particulier d’un court, on pense à réduire au maximum les décors…

 


Les objets et notamment le téléphone portable tient une place importante.
 Pourquoi ?

Avec Raymond, Lionel est un représentant de l’homme occidental et de sa tendance hyper narcissique. Tous deux sont obsédés, l’un par les machines (la caméra de son téléphone qu’il sort presque mécaniquement, le robot aspirateur etc…), l’autre par les consignes de sécurité (sa manière de boucher toutes les prises électrique de la maison, le tapis de bain anti-dérapant etc…). Et c’est bien cette accoutumance au monde de la consigne, de la procédure, dans un univers où le règne des avocats a supplanté celui de l’instinct, qui empêche les personnages de La femme qui flottait de raisonner et de prendre des décisions simples et humaines : ils vont systématiquement faire les mauvais choix et s’enfoncer peu à peu dans une logique sans retour possible.

 

Le duo entre les deux personnages ressemble à un duo de clowns. Est-ce une volonté de départ ?

Il y avait évidemment des grosses différences entre les personnages dans le scénario et la volonté dans le casting de poser ces distinctions, mais ce coté Laurel et Hardy est apparu un peu par hasard du fait des allures et des tons très différents de Michaël Abitboul et Philippe Rebbot. C’était une assez chouette surprise

 

Comme dans votre livre, vous auscultez les comportements, le rapport à 
l’autre. D’où vient cet intérêt pour ce sujet ?

En montrant un homme sous pression, l’idée est de dévoiler son véritable visage, la société à laquelle il appartient et le rôle qu’il joue dans celle-ci. Le monde vu au travers de leurs yeux a aussi des choses à dévoiler, que nous n’envisageons pas forcément au quotidien. Un peu comme les chiens qui sentent des choses qu’on ne sent pas, ou ces lampes à lumière noire qui font apparaître les empruntes digitales…

 


Comment se nourrissent l’écriture d’un livre et l’écriture d’un scénario ?

Dans la récupération. La récupération du quotidien, mais aussi des autres livres, des autres films, des autres sciences et disciplines…

 


Quel est votre prochain projet ?

Ouvrir une bouteille de vin.

 

  • Mardi 14 mai à 20 heures à L’Ariel à Mont-Saint-Aignan. Tarif : 3 €.
  • Programme complet : ici
  • Lire aussi : Format court