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The Limiñanas au Tetris : « nous avons eu la chance de nous ennuyer »

Pas de doute. Quand on écoute The Limiñanas, on reconnaît d’emblée les influences. Le couple catalan, Marie et Lionel Limiñana, a flashé sur les ambiances sonores des sixties et des seventies et sur les mélodies sexy et entêtantes du Velvet Underground. The Limiñanas a su créer un écrin chic et élégant à des textes libres, parfois absurdes, avec une fausse candeur. Ce sont les Américains qui ont été les premiers séduits par le duo français. 2016 a été l’année de The Limiñanas. Un nouvel album, Malamore, une longue tournée qui passe vendredi 7 avril par Le Tetris au Havre et vendredi 23 juin au Rock in Evreux. Entretien avec Lionel Limiñana.

 

Il y a un véritable fil conducteur dans vos productions. A quoi cela tient-il ?

Ce sont des disques bricolés à la maison pour 80 % des prises. Nous avons monté un petit studio dans notre garage. Notre idée a toujours été de fabriquer des disques tous les deux, Marie et moi. Nous venons de la scène garage punk. Nous avons joué dans des groupes ensemble ou pas. Peut-être avons-nous été un peu lassés par le fait que toutes ces formations ont splité. A un moment donné, nous avons eu envie de faire de la musique tous les deux et nous avons bricolé cela. Ça nous allait vachement bien et on a développé notre idée. J’imagine que cela participe à une unité dans notre son. Même si plusieurs personnes interviennent sur nos disques.

 

Pourquoi parlez-vous de bricolage ?

Si vous voyiez la manière dont on travaille, vous seriez horrifiée. Nous gardons la plupart du temps les premières prises parce que nous aimons les accidents, ceux sur le souffle, le grincement dans un vieil orgue en plastoc… En fait, nous utilisons davantage le studio comme un atelier. Tout ça donne un aspect bricolage et aussi une âme C’est toute notre richesse. Nous fuyons toutes ces choses qui se ressemblent aujourd’hui en musique. Dans les autoproductions des années 1960, on trouvait toujours de l’expérimental.

 

Quelle place tient la musique dans votre vie ?

Elle tient une place essentielle. Et ce, depuis tout petit. Nous avons grandi tous les deux non loin de Perpignan, dans une région sinistrée. A l’adolescence, nous avons eu la chance de nous ennuyer. Nous avions juste deux trucs pour nous : un super disquaire et un bon libraire. Pour pallier à l’ennui, nous écoutions beaucoup de disques, nous lisions beaucoup de bouquins et nous regardions plein de films. J’ai aussi la chance d’avoir deux grands frères. L’un écoutait les Who, l’autre, Joy Division. Avec tout ça, on se forge une culture musicale et on affine ses goûts. Nous sommes fondus des années 1960 et 1970. Dans tout cela, il n’y a pas de nostalgie. Ces décennies nous correspondent.

 

 

 

 

Quel lien faites-vous entre la musique et le cinéma ?

Nous avons toujours été influencés par le cinéma. Nous sommes encore de gros consommateurs de films. Je continue à explorer des pans du cinéma. Rien que pour le cinéma italien, nous n’avons pas assez d’une vie pour en faire le tour. J’aime aussi beaucoup les films à la papa des années 1960. j’ai été marqué par L’Empire contre-attaque. Marie adore les péplums et le cinéma indien. A partir du deuxième album, nous avons conçu nos productions comme des scénarios de film.

 

Pouvez-vous expliquer cela ?

Nous commençons toujours par travailler de façon anarchique. Nous enregistrons pas mal de démos. A partir de là, des choses apparaissent, se structurent. Nous pensons le disque comme une histoire avec un débit, un milieu et une fin. Plus nous avançons, plus nous procédons de cette manière. Je n’aime pas du tout cette idée de concevoir les albums comme une compilation de titres. Cela nous permet d’aller plus loin dans nos idées.

 

Vous aimez raconter des histoires et aussi faire danser.

Il y a ça aussi. Nous aimons bien le côté free béats, groovy des seventies. Je pense qu’il y en aura encore plus dans le prochain album. Nous sommes en train de le terminer. Il est fini à 90 %. Nous l’avons enregistré chez nous et nous avons aussi travaillé avec Anton Newcombe du Brian Jonestown Massacre. Il sera prêt en septembre 2017.

 

Quels sont les autres projets ?

Nous continuons à faire des concerts. Nous sommes en train de réfléchir au prochain album de Pascal Comelade. Il y a aussi la bande originale d’un court métrage. J’adorerais composer la BO d’un film. Je ne sais si j’en serais capable. Je pense que c’est assez ardu.

 

 

 

 

  • Vendredi 7 avril à 20 heures au Tetris au Havre. Tarifs : de 20 à 14 €. Réservation au 02 35 19 00 38 ou sur http://letetris.fr
  • Premières parties : The Legendary Tigerman, Sunddunes