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Théâtre à La Chapelle Saint-Louis: tous metteurs en scène

En février, ce sont les examens pour la classe d’art dramatique du conservatoire de Rouen. Les 15 apprentis comédiens présentent lundi 27 et mardi 28 février à La Chapelle Saint-Louis à Rouen Au Sort avec 15 mises en scène de texte tiré au sort.

 

Tout a commencé le premier jour de la rentrée à l’automne 2016. Maurice Attias, professeur de la classe d’art dramatique d’orientation professionnelle du conservatoire de Rouen, a accueilli ses élèves et leur a proposé un tirage au sort. Rien à gagner dans ce jeu de hasard si ce n’est de savourer le goût de la liberté de créer. Le principe : les 15 apprentis ont choisi une pièce de théâtre. A eux ensuite de mettre en scène pendant dix minutes ce texte, une adaptation ou un extrait, avec les comédiens de la classe, le décor qu’ils souhaitent. Et ce, sans l’aide de leur enseignant. Le fruit de leur travail est à découvrir lundi 27 et mardi 28 février à la chapelle Saint-Louis à Rouen.

 

Ce travail est la continuité des travaux personnels de la classe. « Au début de chaque cours, le plateau est libre. Vient qui veut avec la forme qu’il souhaite. Il y a deux règles : pas de coupure et pas de commentaire. Cela a produit beaucoup de choses, de surprises. Ces élèves font le théâtre de demain. Ils doivent produire, inventer », explique Maurice Attias.

 

Dans le chapeau du professeur, il y avait Prométhée d’Eschylle, Tartuffe de Molière, Fin de partie de Beckett, Andromaque de Racine, Hermani de Hugo, L’Acte inconnu de Novarina, Pylade de Pasolini, Tête d’or de Claudel… Pour certains élèves, le tirage au sort a été un moment délicat. Hugo, en deuxième année, avait « hâte de découvrir » son texte. « Quand j’ai vu Woyzeck de Büchner, je ne connaissais pas du tout. Je n’avais jamais entendu parler de cette pièce ». Helena, en première année, était « déçue. Racine est un auteur que j’aime beaucoup lire. Mais les mises en scène sont soit ultra classiques, soit trop modernes ». Quant à Clémence, en troisième année, elle est « tombée sur Les Quatre Jumelles de Copi ».

 

Monter une production reste un exercice pas simple pour ces comédiens en formation. D’autant que ce spectacle en deux parties créé en public et devant un jury de professionnels fait partie de leur examen de contrôle continu. Après la découverte des textes à étudier a défilé dans les têtes toute une série de questions sur la mise en scène. « Nous sommes plus habitués à être dirigés qu’à diriger. Ce n’est pas évident. Comme j’ai eu une pièce contemporaine, je pensais qu’elle serait toute de suite compréhensible. Mais c’était un piège. J’ai dû effectuer un travail sur la violence, comprendre comment on peut être terrorisé, comment on essaie de se défendre, comment on peut en prendre plein la gueule. Il faut lire et relire », confie Clémence. « Diriger, c’est oser couper ses copains. C’était très difficile. Au début, j’ai souffert. Je ne me sentais pas prête. A partir d’un moment, je les coupais toutes les cinq secondes. J’ai compris que c’était nécessaire pour effectuer un travail sur le sens du texte et être au plus près du texte », poursuit Helena.

 

Le temps a été aussi un facteur important dans le processus de créations des élèves du conservatoire. « Au début, on se disait : ça va, on a le temps. On a alors essayé plein de trucs mais rien ne fonctionnait. En janvier, ça a été la panique. Nous étions tous inquiets de ne pas aboutir notre travail », se souvient Clémence. « On ne cherchait pas à être efficaces. Mais il arrive toujours un moment où il faut faire un choix, être efficaces, aller à l’essentiel pour ne pas se perdre », ajoute Hugo.

 

La classe d’art dramatique est en résidence à la chapelle Saint-Louis, prend ses marques, ajuste les derniers réglages. « Nous sommes rassurés depuis notre arrivée dans le théâtre. M. Attias nous fait travailler le jeu et a un regard bienveillant sur nos projets », remarque Clémence. Alors jouer ou mettre en scène ? Helena préfère être sur le plateau même elle a « beaucoup appris à diriger les acteurs. Pour moi, pour être un bon metteur en scène, il faut être un bon comédien, avoir une expérience de plateau ». Pour Clémence, « les deux sont intéressants et complémentaires. En devenant metteur en scène après avoir été comédien, tu comprends ce que ressent la personne sur la scène. C’est très important ».

 

  • Lundi 27 et mardi 28 février à 17 heures et 20 heures à la chapelle Saint-Louis à Rouen. Spectacle gratuit. Réservation au 02 32 08 13 50.