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Théâtre à Rouen : un huis clos dans la campagne d’Oncle Vania

"Oncle Vania" par la compagnie Catherine Delattres

Un soir au jardin débute vendredi 29 juin avec la compagnie Catherine Delattres qui crée Oncle Vania d’Anton Tchekhov. La troupe rouennaise donne dix représentations de cette comédie tragique aux couleurs du vaudeville.

photo Bécé

Pas d’intrigue et pas d’action non plus dans Oncle Vania. La pièce d’Anton Tchekhov, écrite en 1890, ne manque cependant pas d’intérêt, de force et de piment. Le dramaturge russe (1860-1904) sculpte dans ce texte l’âme humaine et porte un regard fin et discret sur l’intimité des êtres humains. Des hommes et des femmes avec des sentiments contraires qui restent enfermés dans des habitudes et dans un profond ennui, prisonniers d’une paresse et d’une grande oisiveté. L’alcool n’aide pas non plus à effacer les frustrations. « Tchekhov était désespéré de soigner des personnes qui n’évoluaient pas, rappelle Catherine Delattres. Pour lui, l’humanité allait mal. Malgré cela, il continuait à croire en l’instruction, en la médecine. On connaît cette célèbre phrase : il faut réparer les vivants. C’est ce qu’il a fait toute sa vie. Tchekhov n’a jamais cessé d’être un humaniste généreux ».

Avec Oncle Vania, « on entre le temps d’un été dans une demeure familiale au bord de l’explosion », résume la metteure en scène. Le professeur Serebriakov débarque avec sa seconde épouse, Elena, dans la maison de sa première femme, Vera, où vivent sa fille, Sonia, et son beau-frère, Vania. L’arrivée du couple va provoquer un séisme puisque Serebriakov a décidé de vendre un domaine, pas assez lucratif à ses yeux. Il a besoin d’argent. A cela s’ajoute la beauté d’Elena qui va chavirer le cœur de Vania et d’Astrov, le médecin. Voilà deux mondes qui s’affrontent : celui de la ville et celui de la campagne.

Jusqu’au vaudeville

Pour sa nouvelle création, Catherine Delattres revient à Tchekhov. « C’est comme si j’ouvrais un nouveau chapitre. J’éprouve beaucoup de plaisir à retourner vers cet auteur. Après un premier texte, un second, on a envie de poursuivre. Ce n’est pas être monominiaque. Avec Tchekhov, il y a une continuité, un lien entre toutes ces pièces. Il aborde le thème de la famille, du couple, de l’échec des idéaux… ». 

Créé à partir du vendredi 29 juin par la compagnie Delattres à l’orangerie du jardin des plantes à Rouen dans le cadre d’Un Soir au jardin, Oncle Vania arrive après La Cerisaie et La Mouette. « Il y a une explosion des sentiments. Quand les étrangers repartent de la maison familiale, tout redevient calme. Chacun retrouve sa résignation et sa mélancolie, garde ses blessure et oublie les désirs d’amour. On reprend son train-train ». Oncle Vania est une comédie tragique qui se confronte au vaudeville. « On passe du rire aux larmes. Tchekhov fait toujours des pirouettes pour mélanger les états et préserver la dignité de chacun dans leur grande souffrance ». Avec Catherine Delattres, tous les personnages se retrouvent dans une grande salle de la maison, autour d’une grande table, lieu de vie, d’échanges et de règlements de compte.

Les dates

  • Du vendredi 29 juin au lundi 9 juillet, tous les soirs, sauf jeudi 5 juillet, à 21 heures à l’orangerie du jardin des plantes, rue Dufay, à Rouen. Tarifs : de 16 € à 6 €. Réservation au 02 35 98 12 34.
  • Les 11 et 12 octobre au Rive gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray
  • Du 28 au 30 novembre à la chapelle Saint-Louis à Rouen
  • Le 14 décembre à Théâtre en scène à Duclair
  • Le 22 janvier à Juliobona à Lillebonne