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Théâtre à Vivacité : l’amour ou la politique, il faut choisir

photo Alban Van Wassenhove

Juste avant le festival d’Avignon, le Théâtre des Crescite joue les 22 et 23 juin à Vivacité à Sotteville-lès-Rouen. Et après Molière et Shakespeare, la troupe rouennaise s’empare de la tragédie de Racine, Bérénice.

photo Alban Van Wassenhove

Dans ses premières créations, le théâtre des Crescite s’est promené en toute liberté dans les textes classiques. Il s’est permis de joyeuses parenthèses et autres commentaires décalés dans Mon Royaume pour un cheval et MacBeth Fatum, deux adaptations d’œuvres de Shakespeare, Roméo et Juliette et Macbeth. Avec Bérénice de Jean Racine, « faire des allers et retours entre textes d’hier et d’aujourd’hui ne fonctionnait pas. La langue se brisait », commente Angelo Jossec.

S’il reste fidèle à la pièce de Racine, le comédien et metteur en scène du Théâtre des Crescite se permet néanmoins quelques libertés. L’histoire est une suite de rebondissements. En résumé, Titus, empereur de Rome, et Bérénice s’aiment d’un amour sincère. Or Antiochus, roi de Commagène, leur ami, est aussi épris de la reine de Palestine. Mais secrètement. Après le siège de Jérusalem, il va suivre le couple jusqu’à Rome et rendre régulièrement visite à sa bien-aimée. Quand le sénat fait savoir que l’union entre Titus et Bérénice est impossible, Antiochus reprend espoir mais Bérénice n’encourage pas ses ardeurs. 

Dans un gradin circulaire

Pour alléger le propos, Angelo Jossec a écrit un prologue et un épilogue à ce drame en 5 actes. Afin de « rester sur les enjeux des personnages ». Tous renoncent à l’amour, au bonheur pour remplir leur devoir de monarque et consacrer leur vie à leur peuple. « Cela donne aussi à la pièce une instantanéité et évite de ralentir l’action. Il y a davantage de suspense. Chaque acte dure 15 minutes ». Autre force : « nous avons pu nous concentrer sur le plaisir de travailler l’alexandrin. C’est une langue qui peut être entendue par tout le monde mais il faut l’offrir le mieux possible. Pour cela, il est nécessaire de respecter un panel de règles. Nous avons passé des semaines à la table à lire, relire, à apprendre cette langue comme un pianiste apprend à jouer de son instrument et à respecter sa partition. Nous avons enfin appris à souffler. Avec l’alexandrin, on ne choisit pas le moment où l’on veut respirer. C’est un véritable entrainement. Aujourd’hui, c’est délicieux de dire cette langue ».

Pour la partager encore mieux, le metteur en scène du Théâtre des Crescite a opté pour un espace scénique circulaire : les comédiens, Pierre Delmotte, Angelo Jossec, Lisa Peyron et Lauren Toulin, au centre, et le public, autour de ce quatuor vêtu de blanc. « La proximité est indispensable aussi parce que nous ne pouvons pas y mettre grand-chose physiquement. Il faut un gros plan sur les visages. C’est très impudique mais tellement vrai par rapport à la pièce. Ce triangle amoureux ne peut se décliner que dans une salle intime ».

  • Vendredi 22 et samedi 23 juin à 21h45 dans la cour du lycée Marcel-Sembat à Sotteville-lès-Rouen. Gratuit