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Théâtre au CDN : le couple à l’épreuve du temps

photo Marco Zavagno

Le couple est le sujet de La Maison de Poupée d’Henrik Ibsen. La metteuse en scène Lorraine de Sagazan a écrit une version vitaminée en inversant les rôles de Nora et de Torvald. La pièce se joue du 9 au 13 octobre au CDN de Normandie Rouen.

photo Marco Zavagno

Dans La Maison de Poupée d’Henrik Ibsen, Nora et Torvald forment un couple heureux. Elle est une femme au foyer qui voue son temps à sa famille. Il travaille dans une banque et vient d’être promu directeur. Torvald sermonne de temps en temps Nora pour ses petites folies dépensières. C’est le reflet d’une époque : les femmes dépendent des hommes. Un jour, Nora décide de quitter le domicile conjugal. Elle manque d’air. La rupture de ce couple déchainera les passions en cette fin de XIXe siècle. Ibsen ose dans sa pièce bousculer les normes sociales. Plusieurs épouses vont alors suivre le chemin de cette figure de l’émancipation féminine. Un vrai scandale en 1879 tant et si bien que l’on demande à Ibsen de modifier la fin de son histoire…

Le couple est au cœur de cette pièce coup de poing d’Ibsen. Notamment la place de la femme et de l’homme dans ce duo classique. À elle, la sphère privée, le foyer, la maternité. À lui, l’espace public. Qu’en est-il aujourd’hui ? Cette question traverse l’adaptation de La Maison de poupée par Lorraine de Sagazan.

Un même schéma

Avec Démons, présenté lors de la saison 2017-2018, elle évoquait déjà la relation amoureuse. Avec La Maison de poupée, elle aborde la thématique du couple « comme une institution de la société. Comment a-t-elle évolué depuis l’émancipation des femmes ? Ces deux pièces traitent de la vie du couple. Elles permettent de réfléchir sur la société à partir de situations intimes. C’est ce qui m’intéresse. Ibsen menait une réflexion permanente sur son époque. De notre côté, nous nous sommes demandés comment nous vivions ces situations-là, comment les femmes vivaient leur émancipation après les progrès visant à plus d’égalité ».

Pour y répondre, la metteuse en scène a choisi d’inverser les rôles. Nora est une banquière d’affaires. Torvald, lui, a mis sa carrière professionnelle entre parenthèses. Il s’occupe des enfants et écrit des chansons. Entre eux, tout va bien. Pas pour longtemps puisque le spectateur va assister aux déchirements du couple. Ces Nora et Torvald du XXIe siècle ont en fait reproduit le même schéma que leurs ainés. « Il est binaire avec un rapport de hiérarchisation compliqué, de domination en faveur du patriarcat », indique Lorraine de Sagazan.

Comme pour Démons, les comédiens et comédiennes improvisent et s’adressent au public. « Nous ne pouvons pas l’ignorer. Les spectateurs sont invités à cette soirée. Ils sont les murs de cette maison. Là, le couple explose malgré un contexte différent mais à cause du poids social ». L’héritage pèse encore lourd.

 

Infos pratiques

  • Mardi 9, mercredi 10, jeudi 11 et vendredi 12 octobre à 20 heures, samedi 13 octobre à 18 heures au théâtre des Deux-Rives à Rouen. 
  • Tarifs : 20 €, 15 €. Pour les étudiants : carte Culture. 
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr
  • Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du mercredi 10 octobre