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Théâtre au CDN : un chant d’amour pour « Doreen »

photo Charlotte Corman

David Geselson et Laure Mathis sont Gérard et Doreen, un couple toujours amoureux et engagé après 58 ans de vie commune. Ils racontent les joies, les douleurs et les débats dans Doreen, une libre adaptation de la Lettre à D. d’André Gorz. À voir du mardi 16 au samedi 20 octobre au CDN de Normandie Rouen.

photo Charlotte Corman

Cela fait 58 ans que Gérard et Doreen partagent leur vie. Rien n’a pu atténuer cet amour fusionnel. Ils s’aiment comme au premier jour. Ils ont toujours autant d’idées et de réflexions à échanger. Gérard, c’est André Gorz, ami de Jean-Paul Sartre, un des fondateurs du Nouvel Observateur, pionnier de l’écologie politique, défenseur de la décroissance, de la diminution du temps de travail et de l’instauration du revenu universel. Un homme très engagé qui a mené ses combats avec sa compagne, atteinte d’une maladie incurable. En 2007, le couple décide ensemble de mettre fin à ses jours dans sa maison de campagne dans l’Aude. Une année précédant le suicide, André Gorz écrit cette Lettre à D., un chant d’amour de 60 pages.

David Geselson lit et relit cette lettre. Comment porter à la scène un tel texte ? Comme,Comment aller au-delà d’une simple lecture ? « C’était le véritable enjeu. Nous sommes alors entrés dans la biographie d’André Gorz. Nous sommes allés à l’IMEC où il a laissé ses archives. Nous lu et écouté ses interviews. Nous avons aussi trouvé beaucoup de photos. En fit, nous avons mené une enquête. Tout cela a constitué une matière pour écrire une fiction. Tout n’est pas vrai et tout n’est pas faux ».

Dans l’intimité d’un couple

Joué par David Geselson et Laure Mathis, du mardi 16 au samedi 20 octobre au CDN de Normandie Rouen, Doreen est le portrait d’un amour raconté en un peu plus d’une heure. Gérard et Doreen invitent dans leur salon et racontent cette vie si riche. Entre eux, il y avait de nombreux débats. Comme celui sur la voiture. Dès 1973, André Gorz dénonce la toute puissance de la voiture, le poids de l’industrie automobile. Comme également celui sur le travail et l’avènement de la machine qui produit plus de richesse que le travailleurs. « Elle va l’aider à écrire ses articles ». 

Doreen est-elle alors qu’une femme de l’ombre ? « Quand on lit la Lettre à D., André Gorz ne parle que de lui, de son amour pour elle. On lui a d’ailleurs reproché. Gorz ne décrit pas Doreen comme une femme de l’ombre. C’est au contraire la femme qui le fait vivre. Adolescent, il était plutôt suicidaire. Elle lui a donné le goût de vivre. Elle est la personne qui le structure, l’accompagne et l’aide à penser. Tous les deux se sont reconnus dans leur insécurité. Ils forment un duo amoureux et politique. Il n’y aurait jamais pu y avoir un tiers avec eux. S’il avait eu un enfant, le couple aurait explosé ».

Chez ce couple bouleversant, les sphères intime et politique sont liées. L’une agit sur l’autre. Entre eux, il y a des échanges apaisés et aussi de belles engueulades. L’un et l’autre avancent ensemble dans leurs réflexions communes. Cependant, Doreen reste avant tout un spectacle sur l’amour absolu dont les spectateurs sont les témoins.

 

Infos pratiques

  • Du mardi 16 au vendredi 19 octobre à 20 heures, samedi 20 octobre à 18 heures au Théâtre des Deux-Rives à Rouen.
  • Tarifs : 15 €, 10 €.
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr