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Théâtre au Volcan : ronde des dépendances avec Marc Labrèche

 

Photo Nicola frank Vachon
Photo Nicola frank Vachon

Marc Labrèche est un des comédiens et humoristes les plus connus et les plus appréciés au Québec. Il joue au théâtre, au cinéma. Il a animé des émissions à la télévision québécoise, La Fin du monde est à 7 heures ou Le Grand Blond avec un show sournois. Connu en France pour son rôle dans L’Age des Ténèbres de Denys Arcand, il aime varier les plaisirs. Avec Robert Lepage, il a repris Les Aiguilles et l’opium, plus de vingt ans après sa création. Cette recréation est présentée du 11 au 13 février au Volcan Niemeyer au Havre.

 

Le spectacle que vous présentez n’est pas une simple reprise. C’est une recréation.

C’est en effet une recréation. Le cœur est le même mais le corps a complètement changé. Des scènes ont été enlevées. D’autres ont été rajoutées. Il y a une nouvelle scénographie. Avec Robert, nous n’avions pas eu envie de refaire ce qui avait déjà été fait. En vingt ans, Robert a expérimenté beaucoup de choses en ce qui concerne les technologies, la scénographie. Par ailleurs, il y avait des trucs au niveau de l’écriture qui se fatiguaient. Du coup, le spectacle est devenu plus sensuel, plus nostalgique aussi.

 

Est-ce que ce fut de belles retrouvailles avec Robert Lepage ?

Oui, nous avons pris beaucoup de plaisir à travailler à nouveau ensemble. A la création, nous n’avions pas vraiment eu assez de temps pour répéter. Là, nous avons pris ce temps de refaire des ateliers. Nous avons pu nous interroger sur des pans dramatiques de la pièce.

 

Quel plaisir avez-vous eu de retravailler ce texte ?

C’est un texte magnifique. Le reprendre à 50 ans, ce n’est pas la même chose. On ne vit pas de la même façon. La lettre de Cocteau est toujours aussi pertinente aujourd’hui. Elle est bouleversante, charmante et troublante. Ce sont des premières impressions de voyage à New York. Elle est pleinesde naïveté. Cocteau fait également preuve d’une grande lucidité sur une lecture des Etats-Unis et des Américains de l’époque. Il parle du rapport aux hommes, aux femmes, à la modernité, de ce qui reste du rêve.

 

 

Quelle lecture en faites-vous vingt ans plus tard ?

J’ai vingt ans de plus donc la lecture n’est pas la même. Elle s’effectue avec des joies et des blessures qui se sont accumulées pendant ces années. Je suis plus sensible à certains aspects du texte.

 

Lesquels ?

Il y a un beau discours sur la liberté. Selon Cocteau, les gens s’empêchent d’assumer leurs rêves, de leur faire confiance, de les laisser les guider. Donc, ils n’appréhendent pas le monde de la façon la plus belle et la grande possibles. Il dit aux Américains : un jour, tout sera contrôlé par la police si vous continuez de cette manière. Vous voulez tout contrôler, formater la pensée et vous allez castrer vos plus beaux élans poétiques.

 

 

Les Aiguilles et l’opium

C’est un spectacle original, onirique où se croisent un comédien et un circassien. Marc Labrèche et Wellesley Robertson III emploient chacun leur langage pour raconter ces trois histoires. En 1949, Jean Cocteau écrit une Lettre aux Américains dans laquelle il parle de sa découverte, de sa fascination des Etats-Unis et aussi de ses désenchantements. Quant à Miles Davis, il est venu pour la première fois à Paris partager sa musique et s’éprend de Juliette Gréco. Quarante ans plus tard, dans un hôtel à Paris, un Québécois est en prise avec ses tourments. Il tente d’oublier son amour.

Les Aiguilles et l’opium évoque l’addiction, la dépendance : l’opium pour Cocteau, l’héroïne pour Davis et un amour pour Robert Lepage. Cette oeuvre de jeunesse est un moment de magie et d’émerveillement

 

 

  • Mercredi 11 et jeudi 12 février à 19h30, vendredi 13 février à 20h30 au Volcan Niemeyer au Havre. Tarifs : de 23 à 9 €. Réservation au 02 35 19 10 20 ou www.levolcan.com