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Théâtre au CDN : Emmanuelle Hiron brise le tabou de la vieillesse

photo François Langlais

Il y a eu des rencontres, puis un documentaire et un spectacle. Emmanuelle Hiron a passé deux ans dans un établissement pour personnes âgées avant d’écrire Les Résidents. Sur scène, elle livre des paroles. A écouter jeudi 9 et vendredi 10 novembre au CDN de Normandie Rouen avec le festival Art et Déchirure.

« Ce sujet, c’est de la nitroglycérine ». Emmanuelle Hiron en a eu vite conscience. « Personne ne veut en parler mais tout le monde a quelque chose à dire ». Dans Les Résidents qu’elle joue jeudi 9 et vendredi 10 novembre au Rexy à Mont-Saint-Aignan, la comédienne évoque la vieillesse, la place que la société veut bien donner aux personnes âgées. Un sujet devenu tabou. « On souhaite une société d’immortels. On ne cesse de repousser les limites de l’âge mais cela ne peut qu’avoir des conséquences. On ne défie pas le temps sans que cela fasse des dégâts. Or, nous ne les prenons pas en compte ». Cela amène bien évidemment des questionnements « sur les rapports que chacun entretient avec les vieux et a à sa propre vie ».

Pour écrire Les Résidents, Emmanuelle Hiron, autrice, comédienne et réalisatrice, a suivi une de ses amies, médecin gériatre. « Je l’ai fait par amitié et j’y suis allée naïvement, sans d’a priori. J’ai tout de même eu quelques moments d’effroi. Je ne savais pas trop gérer ma relation avec les personnes âgées. Le contact avec elles n’était pas forcément évident. J’étais parfois un peu empruntée. Mon amie m’a donné les codes ». Pendant deux ans, Emmanuelle Hiron a discuté avec les personnes de l’EHPAD. Elle les a filmées. « J’ai pu nouer des liens forts avec le personnel, avec les résidents aussi mais c’était moins évident parce qu’ils ne me reconnaissaient pas toujours. Je me suis très attachée à eux et eux à moi, d’une manière différente. Je leur apportais un lien social ».

Plus de légèreté

De toute cette matière récoltée, rien n’était pas destiné à un spectacle. « À un moment, il a fallu que j’écrive et c’est sorti d’un seul coup. Je devais apporter cette parole au théâtre. Le texte n’a pas été difficile à écrire mais c’était émouvant ». Émouvant aussi à jouer « mais moins maintenant« . Dans Les Résidents, Emmanuelle Hiron endosse le rôle de son amie, Laure Jouatel, « une femme qui s’est engagée ». « Je parle au public comme elle me parlait ». Entre parole intime et image délicate, la comédienne revient sur le quotidien dans les EHPAD, la dignité, le bonheur qu’il est encore possible de vivre…

Après une telle expérience, Emmanuelle Hiron a « gagné en légèreté. J’ai plus d’humour par rapport à la vie. Cela ne rend pas cette question moins difficile, néanmoins moins compliquée à gérer ».

 

 

  • Jeudi 9 et vendredi 10 novembre à 20 heures au Rexy à Mont-Saint-Aignan. Tarifs : 14 €, 9 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr
  • Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du vendredi 10 novembre