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Théâtre au CDN : « Lulu », une tragédie sur le désir

photo Kentin Denoyelle

Paul Desveaux revient à l’écriture de Frank Wedekind. Pour cette nouvelle création, le metteur en scène de la compagnie L’Héliotrope a choisi Lulu, une tragédie sur le désir et le pouvoir. Il crée cette pièce mercredi 8 et jeudi 9 novembre au CDN de Normandie Rouen dans le cadre du festival Art et Déchirure et l’emmène ensuite au Tangram à Evreux et au Volcan au Havre.

Un auteur censuré. Il y a plusieurs versions de Lulu. Frank Wedekind (1864-1918) a écrit et réécrit ce texte qui sera maintes fois censuré. Son objectif : imaginer « une tragédie à faire frémir ». Dans Lulu, Wedekind va briser quelques tabous, notamment sexuels dans la société de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Pendant plusieurs années, l’auteur y reviendra jusqu’à cette forme comprenant deux pièces L’Esprit de la terre et La Boîte de Pandore. C’est cette version qu’a choisie Paul Desveaux. Le metteur en scène de la compagnie L’Héliotrope se penche à nouveau sur l’œuvre de Wedekind, « à l’origine du théâtre contemporain allemand ». Lulu arrive après L’Éveil du printemps. « Wedekind a gratté l’âme humaine. Il écrit à un moment où la psychanalyse explose. Ce ne peut être ni tout noir ni tout blanc. Il écrit aussi sur les femmes. Il donne un rôle à une femme dans une pièce où les hommes ne sont pas vertueux ».

Une pièce charnelle. Il y a du sexe, du pouvoir et de l’argent dans Lulu de Wedekind. Trois ingrédients indispensables pour pimenter une histoire. Lulu, « un monument de théâtre » raconte « une ascension vertigineuse et une chute catastrophique d’une jeune femme », résume Paul Desveaux. Lulu a été recueillie à l’âge de 12 ans par Schön, un homme peu honnête. Il lui organise quelques mariages, la fait monter sur les planches. Elle le tue et s’enfuit pour échapper à la justice mais finira poignardée par Jack l’éventreur. Tout au long de la pièce, Wedekind parle de « la chair, du désir, du désir caché. Il faut que cela transpire dans le corps des comédiens ».

Une victime et un monstre. Selon le metteur en scène, Lulu est « une victime des fantasmes masculins qui va devenir une créature dangereuse ». Lulu est une héroïne dans un monde dominé par les hommes. Certes elle multiplie les amants mais « elle est la projection qu’ils font sur elle. Chacun d’entre eux ira jusqu’à lui donner un prénom différent ».

Un cirque. Pour Paul Desveaux, ce fut une évidence. La Lulu de Paul Desveaux se déroule dans un décor de cirque. D’ailleurs Wedekind y a travaillé. Il a aussi écrit sur cette discipline artistique. Dans son prologue, l’auteur invite « dans la ménagerie messieurs les fiers à bras, mesdames les mutines pour voir d’un ardent plaisir et d’un effroi glacial la créature sans âme dompté par le génie humain ». Dans Lulu, chaque personnage se laisse envahir par des instincts. Il s’y confronte comme il pourrait le faire face à un animal. Wedekind « parle aussi du rapport au spectacle. Il y a un jeu permanent ». Chacun est en représentation. Ce peut être tragique et grotesque.

Les dates en Normandie

  • Mercredi 8 et jeudi 9 novembre à 20 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. Tarifs : 18 €, 13 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr
  • Mardi 14 et mercredi 15 novembre à 20 heures au Cadran à Evreux. Tarifs : de 16 à 4 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com
  • Mardi 21 novembre à 20h30 et mercredi 22 novembre à 19h30 au Volcan au Havre. Tarifs : 23 €, 9 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 19 10 20 ou sur www.levolcan.com