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Théâtre : Labiche par Le Chat foin

L’Affaire de la rue de Lourcine de Labiche est un vaudeville, surtout un cauchemar pour les deux personnages principaux. Yann Dacosta, fondateur de la compagnie du Chat foin, met en scène cet objet théâtral absurde.

 

affaire rue lourcineDu rêve au cauchemar. En explorant l’univers de Lewis Carroll avec Drink me, dream me, Yann Dacosta était dans le rêve. Avec Labiche, le metteur en scène du Chat foin plonge dans le cauchemar. L’Affaire de la rue de Lourcine est en effet un délire cauchemardesque où les deux personnages principaux se retrouvent avaler par une spirale infernale. Un matin de 1857, à Paris, Lenglumé se réveille avec la gueule de bois et trouve à côté de lui, dans son lit, Mistingue, un chef cuisinier qui a dû boire autant que lui. Que s’est-il passé durant la nuit ? Les deux hommes ne se rappellent plus de rien. Restent cependant quelques vagues souvenirs : le premier a perdu son parapluie vert, le second, son mouchoir. Ils se sont rencontrés la veille et ont passé une nuit bien arrosée. Le lendemain matin, c’est la douche froide. D’autant que le journal raconte un fait divers sordide : une jeune charbonnière a été assassinée rue de Lourcine. Près du corps mutilé, il y avait un parapluie vert et un mouchoir… Tout porte à croire que les deux hommes sont les coupables.

 

Un conflit de classes. Dans L’Affaire de la rue de Lourcine, Eugène Labiche ne raconte pas seulement une sombre histoire de meurtre avec une mécanique diabolique. Il va bien plus loin. « C’est un texte qui contient plusieurs couches. Ce qui permet à Labiche d’éviter la censure. Il décrit la bourgeoisie de cette époque qui décline. C’est la fin de l’Empire. Il dénonce cette bourgeoisie égoïste qui est attachée à ses acquis », explique Yann Dacosta. Lenglumé est un homme riche, idiot qui dégage de « la férocité tranquille ». Il est face à un Mistingue séducteur, « un voyageur libre ». « Ils ont un profond mépris l’un pour l’autre ».

 

Un exercice d’acteur. Le texte d’Eugène Labiche est redoutable pour les comédiens. « Il est exigeant. Le rapport au langage est intéressant. Il faut jouer avec les sons, avec les sens qui sont liés au travail sur la langue. Par ailleurs, il faut aussi arriver à être drôle, renourrir l’humour. C’est un véritable théâtre d’acteur, de comédie ». Pour interpréter ce duo, Yann Dacosta réunit Benjamin Guillard qui a « un énorme potentiel comique » et Guillaume Marquet, Molière de la Révélation théâtrale en 2011. Les deux comédiens qui se sont connus au conservatoire national supérieur de Paris sont entourés de Jean-Pascal Abribat, Pierre Delmotte, Pauline Denize, Hélène Francisci, Pablo Elcoq.

 

Avec les codes du cinéma. Yann Dacosta crée un univers de fin du monde en puisant dans un art qu’il connaît bien, le cinéma. Il y a du Hitchcock, des films de zombie, l’atmosphère de Tim Burton, du polar dans cette mise en scène. Le brillant, les paillettes, les strass, tout le vernis rappelant le luxe de cette bourgeoisie ne cesse de se craquer tout au long de la pièce.

 

Les dates en Normandie

  • Vendredi 5 décembre à 20h30 à L’Eclat à Pont-Audemer. Tarifs : de 16,10 à 8,80 €. Réservation au 02 32 41 81 31 ou sur http://eclat.ville-pont-audemer.fr
  • Mardi 9 décembre à 20h30 au Quai des arts à Argentan. Tarifs : de 12 à 6 €. Réservation au 02 33 39 69 00 ou sur www.quaidesarts.fr
  • Mardi 21 avril à 20h30 au Rive gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray. Tarifs : de 21 à 10 €. Réservation au 02 32 91 94 94 ou sur www.lerivegauche76.fr
  • Mardi 19 mai à 20h30 au théâtre des Chalands à Val-de-Reuil. Tarifs : de 15 à 10 €. Réservation au 02 32 59 44 24 ou sur www.theatredeschalands.com