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Théâtre : pour l’amour d’une femme et de l’écriture

14-18, Le Temps de nous aimer est à la fois une histoire d’amour et un récit de guerre. Patrick Pineau met en scène cette pièce écrite à partir de lettres envoyées par deux soldats à la même femme. C’est mardi au Passage à Fécamp, mercredi à Juliobona à Lillebonne et jeudi au Rayon vert à Saint-Valery-en-Caux.

 

photo Frank-Berglund
photo Frank-Berglund

« C’est un drôle d’objet ». Patrick Pineau porte à la scène une histoire d’amour des plus saisissante. Durant la Première Guerre mondiale, un père et son fils, des engagés volontaires, sont de simples soldats qui vont se retrouver à Verdun, sur le Chemin des Dames et autres batailles cruciales du conflit. Le premier, Victor Rey (1853-1935), ancien gouverneur des colonies en retraite, était déjà « engagé lors de la Commune. Il a fondé le journal Le Chat noir ». Le second, Robert Rey (1887-1964) a été secrétaire de Courteline, de l’école du Louvre, conservateur du musée du Luxembourg.

 

Il y a tout d’abord « une histoire d’amour d’un père pour son fils. Dans une première lettre, il lui écrit : si tu pars, je pars. Il n’est pas question pour lui de laisser son fils seul ». Autre histoire d’amour : celle des deux hommes pour la même femme, Denise. Pendant les quatre années de guerre, Victor et Robert Rey écrivent chaque jour de véritables lettres d’amour à cette « petite femme très aimée ». Environ 1 200 ont été envoyées. « Ils étaient tous les deux sur le front. Ils ont eu de la chance puisqu’ils n’ont eu aucune blessure. Mais ce qui les maintenait en vie, c’était cette correspondance. Elle leur était nécessaire. Dès qu’ils avaient 5 minutes, ils écrivaient. Durant la guerre, les soldats n’étaient pas toujours en mouvement. Il y avait de longs moments d’attente dans des conditions affreuses », rappelle Patrick Pineau.

 

Thierry Secretan, petit-fils et arrière-petit-fils de Robert et Victor Rey, a retranscrit cette correspondance. Un travail long de huit ans. Il est allé également photographier les lieux où ses aïeuls ont combattu.

 

Pour Patrick Pineau, « il fallait trouver une histoire ». C’est Thierry Secretan qui lui a racontée. « Il la connaissait par cœur. J’avais l’impression qu’il avait fait cette guerre ». Thierry Secretan a fait un premier choix de cent lettres. Le metteur en scène en a retenu une trentaine. Dans un espace simple où sont projetés des portraits, les images de Thierry Secretan, le comédien Vincent Winterhalter prête sa voix pour raconter « une histoire de famille, une histoire dans la Grande Guerre ».

 

14-18, Le Temps de nous aimer est un témoignage d’une époque de deux hommes « très engagés, anticléricaux et très anarchistes. A travers cette correspondance, on apprend beaucoup sur cette guerre qui a été une boucherie, sur cette jeunesse sacrifiée… C’est malheureusement passionnant ».

 

 

  • Mardi 9 décembre à 20h30 au Passage à Fécamp. Tarifs : de 16 à 8 €. Réservation au 02 35 29 22 81 ou sur www.theatrelepassage.fr
  • Mercredi 10 décembre à 20h30 à Juliobona à Lillebonne. Tarifs : 17 €, 14 €, gratuit pour les enfants de moins de 12 ans. Réservation au 02 35 38 51 88 ou sur www.juliobona.fr
  • Jeudi 11 décembre à 20h30 au Rayon vert à Saint-Valery-en-Caux. Tarifs : de 18 à 6 €. Réservation au 02 35 97 25 41.