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Théâtre au Volcan : une parole d’amour et de colère

photo G. Ledun

Samuel Churin porte la parole libre de l’écrivain Mouloud Feraoun. Avec Le Contraire de l’amour, présenté du 31 janvier au 2 février au Volcan au Havre, le metteur en scène Dominique Lurcel mêle diverses émotions de l’écrivain kabyle qui a tenu son Journal jusqu’à sa mort.

 

photo G. Ledun

Il a écrit jusqu’au dernier jour de sa vie. Il a tenu son Journal jusqu’au 15 mars 1962, date à laquelle il a été assassiné le 15 mars 1962 par l’OAS, quatre jours avant les accords d’Évian qui mettent fin à la guerre  d’Algérie. Mouloud Feraoun, né en 1913 en Kabylie, a été un instituteur dans un petit village, un écrivain reconnu, ami de Germaine Tillon, d’Albert Camus et d’Emmanuel Roblès.

 

Le Journal de Mouloud Feraoun est, pour Dominique Lurcel, « la parole d’un juste au cœur du chaos ». Pour les historiens, il reste « le document permettant de comprendre cette période et les différentes vérités. Feraoun est capable de taper sur la table pointant du doigt la politique menée par Paris, de plaindre l’Alsacien ou le Breton qui ne sait pas ce qu’il fait en Algérie. On sent chez lui beaucoup d’empathie. Il annonce aussi une Algérie à venir », remarque le metteur en scène.

 

Après Folies coloniales, Algérie, années trente, Dominique Lurcel ouvre une nouvelle page historique avec Le Contraire de l’amour qui rassemble des pages du Journal, 1955-1962 de Mouloud Feraoun. « C’est son œuvre la plus forte ». Dans ces pages, Mouloud Feraoun opte pour « une écriture totalement libre. J’ai effectué un premier travail sur ce journal avec des élèves d’Aubervilliers lors d’un atelier. Je me suis rendu compte que cette parole était d’une modernité incroyable. Il y a une alternance entre les choses vues, concrètes, les coups de gueule et les moments de lassitude. On voit comment il adhère petit à petit à la lutte. On ressent le chemin qu’il peut faire ».

 

Pour passer ces mots profonds, il fallait deux voix fortes. Celle du violoncelle de Marc Lauras. Celle aussi de Samuel Churin, artiste engagé. « Dans le montage que j’ai effectué, on va d’une émotion à un autre. Le comédien doit être dans l’instant. Samuel dit que c’est le rôle de sa vie », commente  Dominique Lurcel. Le Contraire de l’amour est une partition brûlante et une page de l’histoire dont on parle encore peu.

 

 

  • Mardi 31 janvier à 20h30, mercredi 1er et jeudi 2 février à 19h30 au Volcan au Havre. Tarifs : 10 €, 9 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 19 10 20 ou sur www.levolcan.com