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Théâtre au Volcan : « un mélange de fascisme et de religion »

Les Clownesses sont de retour. Pauline Couic, Pom, Bibine et Marion, quatre personnages loufoques aux pulsions animales, ont ému, amusé dans un premier spectacle déjanté. Ensemble, elles ont fait il y a un peu plus d’un an un voyage en Corée du Nord et racontent ce périple dans une création présentée du 11 au 14 janvier au Volcan au Havre. Avec Bienvenue en Corée du Nord, la compagnie Actéa porte un regard sur le monde. Entretien avec Olivier Lopez, metteur en scène.

 

Pourquoi avez-vous choisi la Corée du Nord ?

Nous avons commencé par nous interroger sur la place des artistes aujourd’hui et sur la nécessité d’être le témoin de son époque. Nous avions envie de nous rendre compte de ce qui se passe en Corée du Nord. Personne ne le sait puisque les journalistes n’ont pas le droit d’y aller. Par ailleurs, il fallait une suite aux Clownesses. Comme nous ne voulions pas refaire le même spectacle, j’ai cherché quelque chose qui pouvait nous déplacer complètement, nourrir les comédiens, les personnages.

 

Quels étaient vos sentiments avant de partir ?

Nous étions très inquiets et angoissés. La vision de la Corée du Nord est peu rassurante. Nous avions aussi peur d’être démasqués. Officiellement, nous étions des touristes. Mais que peut faire un groupe de personnes qui ne sont pas compagnons ou amants ? Nous avions pris tellement de précaution que nous sommes devenus paranoïaques. Nous savons que les Nord-Coréens mènent des enquêtes sur tous les voyageurs. Là-bas, tout est vérifié : les ordinateurs, les valises… C’est comme une entrée dans un milieu carcéral.

 

Comment avez-vous voyagé sur place ?

En Corée du Nord, votre voyage est très organisé. Les agences proposent des programmes approuvés par le ministère du tourisme. Et vous n’avez pas de répit. On vous transporte d’un endroit à un autre. Vous n’avez jamais quartier libre. Même si une demi-journée est réservée à la promenade, vous êtes tout de même accompagnés par un guide.

 

Qu’est-ce qui vous a le plus interpellé là-bas ?

En Corée du Nord, tous vivent, comme en autarcie. Les Nord-Coréens ont une vision très particulière de leur pays. Ils ont l’impression d’être au paradis du socialisme et pensent que la vie des Occidentaux n’est faite que de violence, de viol, de chômage, d’insécurité, de maladie. Ils se méfient beaucoup du monde extérieur. Ils vivent dans un mythe. Cela nous intéressait de confronter les deux mythes. Notre vision de la Corée du Nord a changé quand nous avons découvert le poids de la religion. Ce pays est un mélange de fascisme et de religion. Nous avons ainsi vécu ce qu’est l’embrigadement au quotidien. La propagande apparaît comme de la culture.

 

Quand avez-vous commencé à écrire le spectacle ?

Nous avons commencé à écrire lorsque nous sommes rentrés. Pour raconter ce que nous avions vécu, il était intéressant pour nous d’utiliser le clown, cette personne animale qui sommeille dans l’acteur.

 

Que raconte Bienvenue en Corée du Nord ?

Après leur premier spectacle, les Clownesses se sont aperçues qu’elles manquaient de rigueur, qu’elles avaient besoin d’apprendre de nouvelles techniques. Elles sont donc allées se former en Corée du Nord. Elles reviennent transfigurées et ouvrent leur carnet de voyage.

 

  • Mercredi 11 et jeudi 12 janvier à 19h30, vendredi 13 janvier à 20h30, samedi 14 janvier à 17 heures au Volcan au Havre. Tarifs : 17 €, 9 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 19 10 20 ou sur www.levolcan.com