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Thierry Pécou joue avec Dédé Saint-Prix

photo Cyrille Guir
photo Cyrille Guir

Thierry Pécou a carte blanche. Il joue vendredi 10 janvier au Hangar 23 à Rouen, la ville où il a installé son ensemble Variances après sa résidence à l’Opéra de Rouen/Haute-Normandie pendant trois saisons. Thierry Pécou, pianiste et compositeur, a une voix et un  regard doux qui contrastent avec sa musique puissante, inspirée par ses voyages. Pour ce concert, il revient avec Dédé Saint-Prix sur les traces de son histoire familiale aux Antilles dans Haute Nécessité et fait un détour aux Etats-Unis avec son ensemble Variances pour faire découvrir la poésie de Langston Hughes, Un Esthète à Harlem.

 

S’il fallait trouver un point commun entre Dédé Saint-Prix et vous, peut-on dire que vous êtes deux explorateurs ?

Oui, on pourrait dire ça. Nous avons également tous les deux une origine commune, la Martinique. Pour Dédé, c’est son pays à part entière. Moi, je n’y suis pas né, je n’y ai pas vécu. Cependant, la nature de l’exploration est liée à ce territoire. Dédé Saint-Prix a beaucoup étudié le chouval bwa (ou cheval de bois), une musique jouée en direct dans les manèges traditionnels. Il a effectué tout un travail sur les musiques des Antilles et réalise une chose créative qui est bien à lui. Moi, j’explore les musiques du monde. Nous nous sommes ainsi retrouvés sur un terrain de rencontre. Je me suis inspiré des recherches de Dédé pour écrire des partitions.

 

Ce n’est pas la première fois que vous écrivez pour Dédé Saint-Prix.

Non, nous nous sommes rencontrés autour d’un projet créé à Fort-Saint-Jacques il y a plus de dix ans sur la flûte martiniquaise dont il est le maître.

 

Pourquoi avez-vous intitulé ce concert Haute Nécessité ?

Haute Nécessité est le titre d’un manifeste écrit par Patrick Chamoiseau qui évoque cette nécessité de changer le rapport d’impérialisme, de colonisation au niveau économique. Les grandes enseignes posent problème et créent une situation sociale explosive. Ce manifeste met tout cela en question. Nous pouvons transposer cela au niveau de la mondialisation.

 

Que peut apporter la musique ?

Il y a haute nécessité à ce que toutes les musiques puissent se rencontrer pour créer une autre manière de penser et de vivre. D’autant que Dédé Saint-Prix travaille la musique après mémorisation et moi qui ait eu une formation de conservatoire de Paris au plus haut niveau.

 

Y a-t-il alors une notion d’urgence dans votre musique ?

Je ne sais pas mais il y a quelque chose de dynamique dans le déroulé de la pièce. Nous avons aussi voulu gommer les frontières entre ce qui vient de lui et de moi. Cette musique doit être fusionnelle.

 

L’Esthète de Harlem

Changement de lieu et d’époque lors de la deuxième partie du concert. Thierry Pécou a composé pour son ensemble Variances à partir des textes de Langston Hughes, artiste noir américain. « Il fait partie du mouvement Renaissance Harlem, de ces poètes qui ont intégré le langage de Harlem dans la poésie ». Il abordait les grands thèmes liés à la difficulté d’être noir aux Etats-Unis. « C’est de la pure poésie avec des la tendresse, de la joie, de l’humour ».

Dans la poésie de Langston Hughes, la musique est très présente. « Il écrivait des indications musicales et imaginait ce qu’on devait entendre. Il avait une passion pour la musique de jazz, les musiques afro-américaines plus généralement. Avec Langston Hughes, on est dans le New York de Harlem, du croisement des cultures ».

 

Les interprètes

  • Haute Nécessité : Thierry Pécou et Dédé Saint-Prix
  • Ensemble Variances : Nicolas Prost et Raphaël Quenehen, saxophone, François Thuillier, tuba, Thierry Pécou, piano, Karim Touré, percussions.
  • Récitante : Noa Frenkel.

 

Une date

  • Vendredi 10 janvier à 20h30 au Hangar 23 à Rouen. Tarifs : de 18 à 8 €. Réservation au 02 32 76 23 23 ou sur www.hangar23.fr