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Vivre les mythologies musicales

Mythomania, ce sont des concerts, des expositions, des rencontres et du cinéma. C’est à Rouen, dans la ville et au 106, du 16 mai au 14 juin. Ce nouveau temps fort porte un autre regard sur les musiques actuelles. Explication avec Bertrand Lanciaux, conseiller artistique.

 

The Brian Jonestown Massacre photo Sasha Eisenman
The Brian Jonestown Massacre
photo Sasha Eisenman

Ne pas regarder seulement en arrière… Cela a déjà été fait maintes fois. Mythomania interroge surtout le présent, explore les  musiques actuelles et les envisage sous un autre aspect. Ce nouvel événement du 106, après Fast and Curious et No(w) Future, propose au public d’avoir un autre rapport à la musique.

Les musiques actuelles ont donc leurs mythes. Pour Bertrand Lanciaux, elles « reposent à la base sur la culture populaire, rurale, avec une forte tradition de transmission orale. Les choses se répètent, s’enrichissent, se transforment… C’est tout le processus de création qui se déroule avec une ambition poétique et émancipatrice ».

 

Les histoires des musiques actuelles se sont écrites au fil des années. Des histoires, il y en a eu beaucoup. Mais ne retient-on pas seulement l’anecdote ? « Il y a la grande histoire racontée par les musicologues et les sociologues. Les musiques actuelles en tant que forme d’expression nécessitent qu’on les apprenne en effet du côté de l’anecdote. Il y a par exemple un concert mythique d’Iggy Pop. Il s’est tartiné de beurre de cacahuète et couvert de paillettes avant de chevaucher une foule intriguée. Cette performance a donné lieu à une photo mythique », rappelle Bertrand Lanciaux.

 

L’anecdote fonctionne d’autant mieux que le rock est un fabuleux terreau. Il a un côté subversif, provocateur, extravagant. Il y a du sensationnel et du merveilleux. « Cela fonctionne d’autant mieux avec la peopolisation et les médias de réseau et de masse. On va à un concert pour la musique et pour les frasques des artistes. Tout cela est savamment entretenu. Chez les artistes, il y en a de très bon en storytelling ».

 

Pour Bertrand Lanciaux, l’image n’est pas le seul vecteur qui construit un mythe. « La musique joue aussi ». Exemple : le disco. « C’est la première musique qui a fédéré le blues, le funk, la musique latine, afro… On perçoit là un développement des systèmes sonores qui a conduit à la création du statut de dj. Avant d’être réduit au côté festif, le disco a été une réelle culture underground et subversive. Il a été une parenthèse ».

 

Mythomania est un parcours dans les méandres des musiques actuelles où il faudra repérer « les nouveaux signes d’expression artistique ». Là, pas de créature extraterrestre pour indiquer le chemin. « Les dieux de la musique n’existent pas », s’amuse Bertrand Lanciaux. « Nous sommes tous spectateurs et acteurs de cette mythologie ». Chacun se fabrique ses mythes en fonction de son histoire personnelle, de ses émotions et de ses envies.

 

  • Du 16 mai au 14 juin à Rouen, au 106 et en centre-ville.
  • Programme complet : ici