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Un voyage avec 3 177 cuillères

C’est un voyage qui finira mal. Dans The Great Disaster de Patrick Kermann, Giovanni Pastore est plongeur sur le Titanic. Anne-Laure Liégeois met en scène l’histoire émouvante d’un émigré. C’est du 9 au 12 octobre au Havre.

 

THE GREAT DISASTER - DRIl y a des rendez-vous que l’on attend toujours avec impatience.  Voilà plusieurs saisons que la scène nationale du Havre donne à voir les créations d’Anne-Laure Liégeois. La metteure en scène fait partie de ces artistes qui apportent un nouveau souffle au théâtre et qui attache une importance toute particulière à la puissance des textes.

 

Comme The Great Disaster de Patrick Kermann. « Je l’ai découvert alors que je faisais partie d’un comité de lecture. J’ai eu un flash. J’ai une réelle passion pour ce texte ». Anne-Laure Liégeois l’a mis en scène une première fois il y a vingt ans et le reprend à la demande du comédien, Olivier Dutilloy. « Il a beaucoup joué les textes de Patrick Kermann. Quand il les joue, c’est déjà un voyage ».

 

The Great Disaster est une véritable épopée humaine dont on connaît la fin puisqu’elle se déroule sur le Titanic. Un jour, dans ses montagnes du Frioul, Giovanni Pastore dit à sa famille : « il faut que je parte ». Partir pour trouver du travail parce que, chez lui, il n’y a plus aucune offre. Il parcourt l’Europe, effectue quelques petits boulots mais est chassé dès qu’une tâche est terminée. « Le texte de Patrick Kermann est violent parce que c’est violent d’être immigré, d’être sans terre, d’être rejeté. Cela renvoie aux images que nous avons pu voir de Calais ».

 

Un jour, Giovanni Pastore parvient à monter à bord du Titanic pour devenir plongeur. Passager clandestin, « il passe son temps à tout compter, notamment les 3 177 petites cuillères lorsqu’il les essuie. Il préfère les impairs aux pairs, déteste les doubles ». Amoureux des chiffres, il ne sera pas comptabilisé dans le nombre de disparus. Du fond de l’océan, Giovanni Pastore continue à raconter son histoire, parle de la Première Guerre mondiale, des attentats de la gare de Bologne… Ce sont les mots, empreints de rage et d’humour, qu’Anne-Laure Liégeois met en valeur.

 

  • Jeudi 9 octobre à 19h30 à la Maison de l’armateur, vendredi 10 octobre à 20h30 à l’hôtel Dubocage de Bléville, samedi 11 octobre à 17 heures et dimanche 12 octobre à 15 heures à l’abbaye de Graville. Tarifs : 10 €, 5 €. Réservation au 02 35 19 10 20 ou sur www.levolcan.com