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William Ferris au 106 : une vie consacrée au blues

Tom Dumas et sa femme, Tutwiler, 1968

Comme Alan Lomax, célébré pendant Rush, William Ferris, universitaire américain, a enregistré le blues du Mississipi, photographié les musiciens de sa région natale. Il expose ses images et parle de cette belle aventure musicale et humaine jeudi 4 juin au 106 à Rouen.

 

Tom Dumas et sa femme,  Tutwiler, 1968 © William Ferris
Tom Dumas et sa femme, Tutwiler, 1968
© William Ferris

William Ferris fait partie de ces personnes que l’on pourrait écouter pendant des heures. Il a ce regard pétillant et captivant, cette voix empreinte de charme, comme des guides accompagnant dans une aventure fabuleuse. Pas étonnant que cet universitaire renommé qui s’exprime dans un français impeccable figure dans le classement des dix meilleurs professeurs des Etats-Unis. William Ferris est un passionné et s’empare des divers médias pour partager cette passion pour la culture noire américaine du Mississipi.

 

C’est dans cette région qu’il est né et a grandi dans cette Amérique encore ségrégationniste. Très jeune, il est témoin d’actes racistes. Depuis, il combat « les forces qui créent le racisme et la ségrégation ». Il a été actif dans le mouvement des Droits civiques.

 

La musique est arrivée très tôt dans la vie de William Ferris. « Tout a commencé dans la ferme où je suis né. A l’âge de 4 ou 5 ans, une des femmes qui travaillait là, Mary Gordon, m’a emmené à l’église et j’ai découvert le spiritual. Plus tard, je e suis souvenu qu’il n’y avait pas de livre dans cette église. Toutes les chansons étaient interprétées de mémoire ».

 

« Des histoires comme un cadeau »

Au début des années 1960, comme Alan Lomax, William Ferris commence un long travail : enregistrer, filmer et photographier la vie des familles du Mississipi, les musiciens dans les clubs, les chanteurs dans les prisons, dans les fermes, dans les champs de coton, dans les églises… William Ferris devient un témoin précieux de cette parole. « Tous m’ont parlé sans difficulté. Ils m’ont vu comme un émissaire parce que j’étais un Blanc du Mississipi. On me disait : je vais te raconter une histoire vraie et tu dois promettre de la raconter comme je te la raconte. Tous m’ont confié ces histoires comme un cadeau ».

 

Des histoires liées à l’enfance, au travail, à des souffrances, à des luttes et surtout à la musique. « Ces gens font partie de la famille du blues. Ce sont toutes des voix connues et pas connues ». Professeur à Yale, William Ferris, ami de BB King, récemment disparu, écoute du blues tous les jours. « En venant en France, j’ai écouté dans l’avion Muddy Waters. Le blues me transporte parce qu’il exprime la réalité d’être noir dans le Mississipi, les souffrances vécues dans une société raciste ».

 

Dans son ouvrage, Les Voix du Mississipi, titre également donné à l’exposition de photos au 106, William Ferris a sélectionné des entretiens, des clichés pour le livre, des enregistrements pour le CD et des films pour le DVD. Un bel objet publié récemment en France, un pays qu’il apprécie tant. « Venir ici, c’est très spécial. Je sais que ce ne sera pas une conférence comme les autres. Les Français adorent le blues. Ils embrassent cette musique »

 

  • Jeudi 4 juin à 20 heures au 106 à Rouen. Conférence gratuite.