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Zachary Richard au 106

Zachary Richard dessine toujours des passerelles entre la Louisiane et la France. Voilà six ans qu’il n’avait pas présenter de nouveaux projets musicaux. C’est donc un retour. Celui du Roi du Cajun qui s’est fait connaître avec le titre Travailler, c’est trop dur en 1978. Défenseur de l’écologie et du français de Louisiane, épris de spiritualité, Zachary Richard présente Le Fou, un vingtième album où il chante sa terre natale. Il est mardi 18 mars au 106 à Rouen.

 

Est-ce que votre écriture est nourrie par des chocs émotionnels ?

Je pense qu’il y a une quantité de catastrophes dans mon écriture. J’habite le sud de la Louisiane. Dans mon dernier album, une chanson est inspirée par l’ouragan, une autre, par la marée noire. La chanson peut être une soupape pour évacuer toutes ces émotions mais elle n’est pas une thérapie. C’est une manière pour moi de partager avec autrui, de manifester mon humanité. Cependant, mon but ultime reste le partage d’une émotion.

 

Il y a toujours eu une forme d’engagement dans votre écriture.

C’est vrai mais je suis un musicien et non un politicien. En tant qu’être humain, j’ai des convictions. Je défends la cause écologique par exemple. Mais je n’utilise pas la chanson comme une arme politique. Je veux avant tout exprimer une émotion. Chez nous, il y a une expression qui exprime le supplément. Un commerçant peut vous donner du lagniappe quand vous faites vos achats. Le lagniappe de la chanson peut servir à faire prendre conscience aux gens, à améliorer le monde. Néanmoins, la chanson doit permettre d’échapper au quotidien, d’entrer en transe.

 

Quel type de musique vous permet d’entrer en transe ?

Quand j’écoute de la musique, je suis toujours transporté.

 

 

 

Quelles chansons vous ont particulièrement marqué ?

J’ai été formé dans le creuset de 1968. A cette époque, il y avait une effervescence musicale avec Bob Dylan, Neil Young… En Louisiane, il y a eu Black Snake Blues de Clifton Chenier. Cela m’a touché. Ce fut une révélation. Aujourd’hui, j’écoute beaucoup de musiques africaines, notamment la musique malienne d’Amadou et Mariam, d’Ali Farka Touré.

 

Pourquoi ?

J’aime ça. Cette musique est à la fois proche et loin de moi, dans les rythmes. Il y a une sensibilité, une fraicheur, une naïveté, une simplicité que j’apprécie. Cela me touche beaucoup.

 

Vous avez toujours été entre deux mondes et deux langues. Est-ce compliqué ?

Non, pas pour moi. Je suis un Américain qui fait une carrière en langue française. Ce n’est pas fréquent mais c’est très nourrissant. Je peux partager sans problème deux cultures, deux langues. Une langue n’est pas seulement une façon de communiquer mais aussi une façon de voir le monde. J’ai toujours suivi mon cœur plutôt que ma tête. Je prends les choses comme elles viennent.