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# 11 / Clap de fin provisoire pour le cinéma en Normandie

Le cinéma n’échappe bien évidemment pas à la crise sanitaire. Les salles sont fermées, les tournages, à l’arrêt. Normandie Images anticipe l’après-confinement avec le maintien de ses commissions et un appel aux artistes.

À quand la saison 2 de Mortel ? Pas de réponse encore puisque le tournage de la série à succès de Frédéric Garcia, à suivre sur Netflix, s’est arrêté quelques jours après l’arrivée de l’équipe au Havre. Les calendriers sont bousculés. « Dans le cinéma, il est toujours compliqué de reporter. Tout le monde peut ne pas être disponible en même temps à une autre période. L’autre question : est-ce que toutes les chaînes vont suivre ? », remarque Denis Darroy, directeur de Normandie Images. Dans la région, il n’y avait pas seulement Mortel en tournage. L’agence régionale avait apporté également son soutien à des équipes de téléfilms et celle de Jonathan Koulavsky pour son court métrage, Solarium, pour des tournages au printemps.

Quant aux futurs tournages, ils sont suspendus. Comme il est interdit de se déplacer en groupe, les repérages ne peuvent être effectués. Donc pas de tournage aujourd’hui et pas plus dans un court terme pour les techniciens et les techniciennes, ni pour les acteurs et les actrices. Pour celles et ceux qui animaient, avec Normandie Images, des ateliers d’écriture et de réalisation dans les établissements scolaires ou les Ehpad, « nous nous sommes engagés à les rémunérer et nous les avons encouragés à créer et partager des tutos ».

Aucune sortie

Et les sorties ? Même réponse. Tout est décalé. Normandie Images avait accompagné trois longs métrages qui devaient être sur les écrans. Emmanuel Carrère est venu tourner à Caen Le Quai de Ouistreham avec Juliette Binoche. François Ozon a fait du Tréport et Eu le décor d’Été 85, une adaptation du livre d’Adam Chambers, Dance on my grave, sur une histoire d’amitié entre deux garçons. Xavier Beauvois a préféré Étretat pour L’Albatros, un film avec Jérémie Renier. Le comédien tient là le rôle d’un commandant de brigade de gendarmerie qui a tué un agriculteur en voulant le sauver après une tentative de suicide. 

En stand-by aussi les documentaires, Une Vie nous sépare de Baptiste Antignani sur la rencontre entre un lycéen et rescapée d’Auschwitz, Les Conquérants d’Alban Vian, une série sur les héros de la Normandie, et Le Ventre de la bête de Dominique Baumard. L’avant-première de Poissonsexe d’Olivier Babina avec Gustave Kervern et India Hair, prévue à Cherbourg où il a été en partie tourné, n’a pas eu lieu.

Pas de sortie, donc pas de rentrée d’argent pour les sociétés de production – elles sont une vingtaine en Normandie. « Comme les auteurs, elles vivent de ce qu’elles ont produit précédemment ». Normandie Images viendra en aide à ces structures.

Et demain ?

Pendant cette période de confinement, Normandie Images voit plus loin et prépare un après. L’agence régionale n’a pas suspendu ses commissions. « Toutes les aides à l’écriture et à la production sont maintenues. Tout comme les auditions avec les candidats qui se déroulent en visioconférence. Malgré les problèmes de connexions, nous donnons la même chance à tout le monde », assure le directeur de Normandie Images.

L’après, c’est aussi faire renaître cette envie d’aller voir un film dans les salles de cinéma et « sensibiliser le public à faire attention ». Denis Darroy a proposé aux artistes de la région de réfléchir à des formats courts pour inciter les cinéphiles à retrouver en toute sécurité le chemin des 102 salles de cinéma en Normandie.