Sylvain Levitte revient à Shakespeare avec « Le Conte d’hiver »

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Shakespeare encore pour Sylvain Levitte… Le metteur en scène emmène sa compagnie, Les Choses ont leurs secrets, dans la tragi-comédie du Conte d’hiver, une histoire de jalousie et de rédemption. C’est à découvrir les 16 et 17 janvier à la Scène nationale 61 à Alençon, le 7 mars au Tangram à Évreux et le 30 mars à La Renaissance à Mondeville.

Il y a eu Le Roi Lear, pour un duo de jeunes comédiens, puis La Nuit des rois, avec une distribution exclusivement féminine. Pour Sylvain Levitte, la prochaine étape dans le parcours dans l’œuvre de Shakespeare devait être une grande tragédie, « un Richard ou un Henry ». Ce sera Le Conte d’hiver, à découvrir les 16 et 17 janvier au théâtre d’Alençon avant le 7 mars au théâtre Legendre à Évreux et le 30 mars à La Renaissance à Mondeville.

Le Conte d’hiver est une histoire de jalousie et de pardon. Léontes, roi de Sicile, se persuade tout seul que l’enfant, porté par sa femme, Hermione, est celui de son meilleur ami, Polixènes. L’épouse a beau avancer tous les arguments prouvant le contraire, rien y fait. Léontes envoie Polixènes en prison et Hermione ne pourra supporter un procès. Quant à la petite fille, Perdita, elle est envoyée dans une famille de berger. Seize ans plus tard, l’adolescente tombe amoureuse du prince de Bohème, le fils de Polixènes.

Dans cette histoire, proche de celle de Roméo et Juliette, Sylvain Levitte a trouvé une forte résonance dans la société d’aujourd’hui. En cause : « la pression du patriarcat. Pour assumer leur masculinité, les hommes voient leur épouse comme un trophée. Cela traverse les siècles ». Prisonnier de sa jalousie, Léontes invente un monde parallèle. « Cela interroge les réalités qui cohabitent et qui s’affrontent. Chacun voit la sienne à travers son imagination. Léontes soupçonne sa femme. Alors il invente des stimuli extérieurs. Il veut moins protéger son pouvoir que son image publique. Comme il y a des rumeurs dans le royaume, il se sent attaqué. S’il n’agit pas, il ne sera plus cet homme puissant », commente le metteur en scène, fondateur de la compagnie normande Les choses ont leurs secrets.

« Suivre le texte« 

Sur le plateau, Sylvain Levitte réunit sept artistes, trois hommes, trois femmes et un enfant, qui interprètent une vingtaine de personnages de ce Conte d’hiver. Comme dans ses précédentes créations, il déplace l’angle de vue. L’objectif : « suivre tout ce qui se passe dans la tête de Léontes, ce qu’il voit, entend, ressent. On explore la conscience de cet homme ». Pour cela, le metteur en scène a demandé aux comédiens « de suivre le texte. Tout est déjà là. Il suffit de voir les choses. Pour y parvenir, il est important d’y aller avec délicatesse ».

De la délicatesse, en effet, pour révéler la complexité des personnages. « Shakespeare ne juge pas. Il dévoile la réalité et l’humanité des personnages. J’ai été assistant de Peter Brook qui disait : il n’y a pas un personnage de Shakespeare qui ne soit pas un être humain. On peut ainsi le détester et l’adorer. Il y a toujours une part d’ombre et de lumière. C’est très précieux ».

Dans sa mise en scène du Conte d’hiver, Sylvain Levitte s’est attaché à présenter cette pièce de théâtre, comme une comédie. « On le découvre dans les trois premiers actes. Chaque réplique est nourrie d’un second degré. Shakespeare place la noirceur à un endroit d’irréalité. Chaque personnage vit quelque chose de tellement profond qu’il est obligé d’en rire pour survivre. On bascule dans un humour noir qui peut mettre mal à l’aise. Mais c’est un bonheur à jouer ». Le Conte d’hiver est une suite d’allers et retours entre tragédie et comédie où chaque scène porte ainsi un enjeu.

Infos pratiques

  • Lundi 16 et mardi 17 janvier à 19h30 au théâtre d’Alençon. Tarifs : de 20 à 6,50 €. Réservation au 02 33 29 16 96 ou sur www.scenenationale61.fr
  • Mardi 7 mars à 20 heures au théâtre Legendre à Èvreux. Tarifs : de 25 à 10 €. Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com
  • Jeudi 30 mars à 20 heures à La Renaissance à Mondeville. Tarifs : de 14 à 8 €. Réservation au 02 31 35 65 94 ou sur www.larenaissance-mondeville.fr
  • Durée : 2h15