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30 ans de jazz au conservatoire de Rouen

photo : Christelle Dupuich

Concerts, masterclass, soundpainting, conte musical… C’est le programme imaginé par Rémi Biet qui a fondé la classe de jazz au conservatoire de Rouen il y a tout juste trente ans. Retour sur l’histoire avec le multi instrumentiste.

La Normandie est « une terre de jazz ». Rémi Biet remonte quelques décennies en arrière et fait le lien entre la présence de militaires américains à la base d’Évreux pour expliquer un certain engouement pour le jazz dans la région. « Le véritable déclencheur a été l’arrivée de Christian Garros à la fin des années 1970. Ce batteur qui jouait dans le trio Jacques Loussier avait une aura internationale » et a créé une certaine émulation. « Il y a eu ensuite une union des musiciens de jazz, un centre régional du jazz, l’école d’improvisation et de jazz… L’époque était favorable ». Il y avait les orchestres classiques et les autres, plutôt d’avant-garde

Rémi Biet était alors instituteur et musicien amateur, fan de jazz. « C’est une musique qui m’a accroché par le son, l’énergie, la rythmique… J’aime beaucoup l’improvisation, la liberté qu’elle apporte, sa diversité. J’ai appris la musique à l’oreille, en jouant de divers instruments. Le jazz permet d’être créatif et de proposer sa propre voix dans la musique ».

70 musiciens dans la classe

Rémi Biet fait partie du Big Band Christian Garros. Il le dirige avec Philippe Carment. « Nous avons joué dans des petits villages pendant des années, puis en dehors de la région ». Il a mené divers ateliers de sensibilisation avant de devenir enseignant et d’ouvrir la classe de jazz au conservatoire de Rouen en 1991. « C’était modeste. La classe s’est développée d’année en année. Dès le début, j’ai souhaité travailler en atelier et en collectif pour créer une dynamique. Je crois en cette vertu du groupe. Je pouvais le faire parce qu’il y a peu d’instruments que je ne connais pas. Mon but était de travailler sur l’esthétique, l’harmonie le rythme aussi sur l’autonomie des élèves ». 

Rémi Biet a eu jusqu’à 70 musiciens chaque année, dont certains qui mènent désormais des carrières nationales. « Cela s’est passé par vagues. Dans un premier temps, j’ai eu beaucoup de gens qui venaient justifier de leur pratique et voulaient valider une compétence. Des musiciens classiques qui ont eu envie d’inscrire le jazz dans leur cursus ». L’enseignant a vu passer quelques personnalités comme Christophe Monniot, Fabien Mary, Florent Gac, Alexandre Monfort, les membres des Vibrants Défricheurs, ceux de Totem… 

Cette aventure a 30 ans. Difficile de fêter un tel anniversaire en pleine pandémie avec le public. Les musiciens ont pu se retrouver, répéter et jouer. La plupart des concerts ont été enregistrés et sont à découvrir sur les réseaux. Tout comme Happening, un soundpainting donné par le graffeur Lksir du HSH Crew, accompagné par les élèves musiciens, danseurs et comédiens du conservatoire et le conte musical, Joséphine, des départements jazz et danse.

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