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Adèle Charvet aux Musicales de Normandie : « Je ne suis bonne qu’à chanter »

Adèle Charvet est une toute jeune chanteuse, une des révélations de l’année 2017. La mezzo-soprano, diplômée du conservatoire national supérieur de Paris, s’est distinguée dans plusieurs répertoires et divers concours prestigieux. Accompagnée du pianiste Florian Caroubi, elle chante un répertoire de mélodies des XIXe et XXe siècles piochées dans les œuvres de Debussy, Ravel, Delage, Duparc et Aubert dimanche 5 août au bois des Moutiers à Varengeville-sur-Mer dans le cadre des Musicales de Normandie. Entretien.

Depuis combien de temps chantez-vous ?

Je chante depuis toujours. En fait, je n’ai vraiment pas de souvenir de moi ne chantant pas. À la maison, ma sœur et moi chantions et étions accompagnées au piano par mon père. Je suis entrée dans une chorale à l’âge de 6 ans.

Quand le chant est-il devenu une passion ?

Je ne me suis jamais posé cette question. Le chant est une passion mais surtout une nécessité. Et je ne me suis jamais imaginé ne pas chanter. Tout cela s’est concrétisé à l’adolescence, vers 17-18 ans. Je ne suis bonne qu’à chanter et rien ne me passionne autant que cela.

Que ressentez-vous lorsque vous chanter ?

Le chant a cela de magique. Il permet un réel épanouissement physique. Je ressens tout d’abord ce plaisir-là. Il y a aussi une véritable plénitude mentale. Je me sens chanceuse. C’est un vrai bonheur de pouvoir vivre dans la musique et dans la beauté. Le chant demande par ailleurs un travail. Comme pour tout le monde. Un chanteur doit travailler son corps, son seul instrument, les langues étrangères. Nous sommes confrontés au français et à l’italien, l’allemand, l’anglais, le russe… Tout cela reste passionnant. Le but reste de chanter le mieux possible.

Comment travaillez-vous votre voix ?

Il faut tout d’abord un bon professeur de chant. Je travaille avec Élène Golgevit, une femme incroyable, une sorte de magicienne. Elle est à la fois un coach, un regard extérieur qui est nécessaire. Les chanteurs ont une perception de leur voix seulement interne, donc faussée. Je suis persuadée qu’il est nécessaire de travailler sa voix toute sa vie. Une voix fait partie du corps et change chaque jour en fonction de notre état de santé, de fatigue, des températures extérieures… La clé, c’est le sommeil.

 

 

 

Que chantiez-vous lorsque vous étiez enfant ?

Avec ma famille, je chantais les chansons des Beatles, de Supertramp, de Bob Marley. J’ai commencé le répertoire classique et jazz avec la chorale.

Comment évolue votre répertoire au fil des années ?

C’est une question importante pour une chanteuse. Il faut tout d’abord établir sin type de voix qui permet de chanter un répertoire. J’a i une voix de mezzo qui se situe dans les graves et qui peut aussi aller dans les aigus. Cela m’emmène sur les œuvres de Mozart, Rossini, Haendel et la musique baroque. Je peux aussi interpréter quelques rôles de travestis du XIXe siècle. Je sais que vais pouvoir chanter ce répertoire pendant au moins cinq ans, voire dis ans, j’espère. Ma voix va ensuite mûrir et je pourrais explorer d’autres répertoire. C’est une décision à prendre avec son professeur de chant. Pour l’instant, je me tiens à ce que l’on me propose. Un jeune chanteur doit rester vigilant pour ne pas faire trop d’effort. J’ai envie de chanter pendant encore longtemps.

Quel rôle vous fait rêver ?

Je rêve de chanter Carmen. C’est un des premiers opéras que j’ai entendus quand j’étais petite fille. Il y a aussi la reine Didon de Didon et Énée de Purcell, le premier opéra que j’ai aimé passionnément.

Pour le concert des Musicales de Normandie, vous explorez un autre répertoire, celui des mélodies. Pourquoi celui-ci ?

Les récitals prennent de plus en plus de place dans ma vie professionnelle. Je ne veux pas être seulement une chanteuse d’opéra. Par ailleurs, je considère que la mélodie est très peu proposée et qu’il est important de défendre ce répertoire. Pour les Musicales de Normandie, j’ai choisi un programme des XIXe et XXe siècles, empreint d’exotisme. L’Orient a beaucoup fait rêver les compositeurs, nourri leur imagination et leurs fantasmes. Il y a des chefs-d’œuvre, écrits à partir des poèmes magnifiques, qui sont des photos de l’époque. Ils offrent un beau voyage.

Quelles œuvres interpréterez-vous la saison prochaine ?

Je vais chanter le rôle d’Idamante dans Idomeneo de Mozart, la partie alto de la Messe de Haydn. Je vais aussi tenir mon tout premier premier rôle avec Rosine dans Le Barbier de Séville de Rossini à l’Opéra de Bordeaux. Je serai enfin Javotte dans Manon de Massenet, toujours à l’Opéra de Bordeaux.