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Adrien Parlange : «  J’aime composer chaque image comme un tableau »

photo : DR

Adrien Parlange est l’invité d’honneur du festival du livre de jeunesse qui se tient en version numérique du 1er au 11 décembre. L’auteur et illustrateur a un univers graphique doux et poétique, joyeux et merveilleux. Dans ses différents ouvrages, il trouve toujours une jolie astuce pour rendre la lecture captivante. Adrien Parlange, ancien élève des écoles nationales des arts appliquées et des arts décoratifs, sera à Rouen pendant cette 38e édition. Entretien

La chambre est un espace qui revient dans vos ouvrages. Quels souvenirs avez-vous des moments passés dans la vôtre lorsque vous étiez enfant ?

Comme pour tous les enfants, ma chambre était un refuge, mon espace. C’était un lieu de sécurité, celui du quotidien, celui aussi où on se sent chez soi et on imagine des choses. Je me sers de la chambre dans mes livres pour évoquer l’intime. J’aime bien ensuite y faire entrer l’étrange et le fantastique. C’est le contraste qui m’intéresse. Cela permet de rendre ce fantastique encore plus étonnant.

Quelle part de fantastique faisiez-vous entrer dans votre chambre ?

Je dessinais beaucoup. Je lisais des bandes dessinées. Pas plus que n’importe quel enfant. Je me souviens que je voulais raconter des histoires et je me demandais comment je pouvais procéder. Je me suis intéressé au dessin et aux livres à la fin de mes études d’art. Mon goût pour l’image est venu à ce moment-là.

Y avait-il un genre d’image en particulier qui vous intéressait ?

Jusqu’à 16 ans, je voulais faire de la bande dessinée. Je me suis ensuite aperçu que ce ne serait pas là que je me sentirais plus à l’aise. Elle a un rythme particulier. Dans une bande dessinée, on lit l’image très rapidement. Moi, j’ai envie que l’on s’y attarde. J’aime composer chaque image comme un tableau. Une histoire, c’est un texte d’un côté et l’image de l’autre.

Où est le lien ?

C’est le livre, l’objet, le format. L’ouvrage que je suis en train de terminer a un format très haut et très fin. C’est le contraire du Grand Serpent qui est allongé. Au départ, il y a l’envie d’un objet, étonnant. L’intérêt est de créer une adéquation entre la forme de l’ouvrage et l’histoire.

 » Être actif « 

Vous ajoutez également des éléments, comme ce fil de couleur or dans Le Ruban, ou encore des transparents de couleur dans L’Enfant chasseur.

Dans l’idéal, j’essaie de trouver de nouvelles manières de raconter une histoire. Dans Le Ruban, le lecteur ou la lectrice peut jouer avec le livre, être un acteur ou une actrice. Avec les transparents qui font apparaître des personnages, c’est une façon d’être actif. 

Dans vos ouvrages, les histoires ne sont jamais linéaires.

Elles sont souvent ouvertes à plusieurs interprétations. Le livre devient un objet que l’on peut s’approprier et traverser comme on le souhaite.

Vos dessins tendent vers l’abstraction. Pourquoi ?

Aujourd’hui, j’en ai fait une constante dans les livres. J’ai un goût pour l’épure. Il y a rarement des éléments gratuits, décoratifs dans les dessins. Dans La Chambre du lion, je ne pouvais dessiner les meubles que de façon schématique sinon il m’était impossible de raconter l’histoire.

Comment travaillez-vous la couleur ?

C’est différent d’un projet à un autre. C’est aussi une question sur laquelle je peux m’arracher les cheveux. La couleur est une part un petit peu intuitive. C’est la seule parce que je préfère lorsque les choses ont une raison. Avec la couleur, je ne suis jamais trop sûr de moi. Un dessin peut être joli avec une couleur et avec une autre aussi. 

 » J’étais très intimidé « 

Pourquoi avez-vous choisi de vous adresser aux enfants ?

À l’origine, je voulais faire du dessin. Illustrer des livres. Je n’avais pas spécialement de messages à délivrer aux enfants. Je n’en avais pas et je ne les connaissais pas bien. C’est vraiment le goût du livre qui m’a amené vers eux. Aujourd’hui, j’y vois un intérêt particulier. Les enfants sont très ouverts. Ils n’ont pas beaucoup d’a priori par rapport aux adultes. Ils sont très attentifs lorsqu’ils regardent les images. J’aime bien alors cacher de petits détails dans les dessins pour eux.

Est-ce que vous avez envie d’aller davantage vers l’écriture ?

Non, je me considère plus comme un illustrateur, un graphiste qui est auteur d’un texte. J’écris parce que j’ai l’idée d’une histoire. Mais je ne suis pas très à l’aise avec l’écrit. Je ne suis pas très confiant pour ce travail. D’autant que je suis lecteur et j’ai lu tellement de belles choses qu’il est difficile d’écrire après ces livres. Comme je n’ai pas suivi d’études littéraires, je ne me sens pas légitime.

Pendant le festival du livre de jeunesse, vous irez dans les écoles. Quel rapport avez-vous avec les enfants maintenant ?

Au début, j’étais très intimidé. Comme je ne les connaissais pas, cela n’allait pas de soi. Maintenant, j’y prends beaucoup de plaisir. Je suis curieux de savoir ce que les enfants comprennent des histoires et ce qui leur plaît.

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