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Bror Gunnar Jansson : « toute la violence à laquelle nous sommes confrontés dans le monde est masculine »

C’est un album très sombre. À l’image de la période à laquelle le monde est confronté. Dans une ambiance blues très rock, Bror Gunnar Jansson revient sur des affaires criminelles avec, comme guide sa voix. Des faits réels de violence commis sur des femmes dans son pays, la Suède. Il y a là toujours autant de puissance, davantage de tension dans ces chroniques courtes ou de longues ballades instrumentales qui font ce quatrième album, They found my body in a bag. Bror Gunnar Jansson ouvre la saison du 106 à Rouen mercredi 16 septembre. Entretien.

Comment traversez-vous cette période d’incertitude ?

La période est difficile et c’est le moins que l’on puisse dire. J’ai pu donner quelques concerts pendant l’été. Même si ce n’était que des concerts devant de très petites jauges. Économiquement, cela n’est pas génial. Et, aujourd’hui, je ne suis pas sûr de la manière dont va se terminer cet automne. Je me considère néanmoins chanceux parce que j’ai pu garder la tête hors de l’eau. Beaucoup de personnes autour de moi vivent des moments plus dramatiques, sans parler de celles qui sont décédées. Moi-même j’ai attrapé le Covid 19 pendant l’été. Je me sens maintenant rassuré à l’idée de devoir voyager un peu. 

Ce moment est-il propice à l’écriture et à la composition ?

Non, je n’ai pas beaucoup écrit ces derniers temps. En fait, je suis triste. J’ai juste écrit quelques chansons dont une, Breathe, sur George Floyd. J’ai beaucoup d’idées mais j’ai beaucoup de difficultés à les finaliser. Peut-être à cause de cette période incertaine. Je trouve qu’il est un peu compliqué de ne pas être préoccupé par ce monde qui nous entoure aujourd’hui. 

Est-ce que la scène vous a manqué ?

Pas vraiment parce que j’ai quand même joué cet été. Je n’ai pas eu le temps de ressentir ce manque de la scène. En revanche, ne pas jouer avec les musiciens m’a beaucoup manqué. J’ai donné ces concerts en solo.

Dans votre nouvel album, They found my body in a bag, vous êtes inspirés de faits réels tragiques ? Est-ce que la réalité dépasse la fiction ?

Je pense que la fiction et la réalité sont tout autant inspirants, mais de manière différente.

Vous racontez des histoires dans lesquelles la violence est uniquement masculine. Est-ce une coïncidence ?

Fondamentalement, toute la violence à laquelle nous sommes confrontés dans le monde est masculine. Ce n’est donc pas une coïncidence. C’est un problème énorme pour nous les hommes et nous devons faire quelque chose.

Pourquoi vous êtes-vous intéressé aux affaires criminelles ?

Je pense qu’il y a de nombreux facteurs. Il y a tout d’abord des faits qui se sont réellement produits. Cela m’a obligé à composer une musique avec beaucoup de respect pour les victimes de ces drames. Je pense que j’ai toujours été fasciné par les histoires sinistres et sombres. Quand j’ai réalisé que j’avais commencé à écrire des chansons sur des affaires criminelles, cela a eu un sens pour moi. En général, je ne pense pas tellement aux choses qui m’inspirent et pourquoi elles m’inspirent. J’essaie juste de m’emparer de l’idée du moment. J’aime bien saisir un tel élan.

Est-ce que le trio est le groupe idéal pour vous ?

À bien des égards, le trio est en effet le groupe idéal pour jouer de la musique. Chaque membre peut entendre ce que font les autres et réagir. Il peut aussi être assez libre dans son rôle. Il est possible de s’amuser avec la musique, de jouer avec le silence et de trouver une place naturelle dans le groupe. Ce qui est, à mon avis, une chose importante. Néanmoins, j’aime jouer de la musique dans tous les line-up possibles. C’est pourquoi mes albums sont si variés, sauf pour les premier et dernier. Souvent, quand j’écris une chanson, je pense aux instruments adaptés à la composition.

Vous avez l’habitude de jouer seul. Comment travaillez-vous avec les musiciens ?

J’ai toujours joué avec d’autres musiciens. Mais jouer seul et jouer avec un groupe sont bien sûr des choses bien différentes. Les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients, mais si je ne pouvais en choisir qu’un, je choisirais de jouer avec un groupe, c’est sûr.

Infos pratiques

  • Mercredi 16 septembre à 20 heures au 106 à Rouen
  • Première partie : Muddy Gurdy
  • Tarifs : de 8 à 3 €
  • Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
  • photo : Bror Gunnar Jansson © Robert Thörnqvist