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Performance à la MDU : une aventure duchampienne avec Joëlle Léandre

L’œuvre de Marcel Duchamp traverse cette performance imaginée par Joëlle Léandre, contrebassiste, Antoine Berland, pianiste, et Guylaine Cosseron, chanteuse. Cette création est présentée mardi 29 mai à la Maison de l’Université à Mont-Saint-Aignan dans le cadre de Curieux Printemps et Duchamp dans sa ville.

Joëlle Léandre le revendique. Elle est une véritable Duchampienne. L’œuvre de l’artiste, né à Rouen et disparu il y a tout juste 50 ans, l’accompagne dans sa vie de musicienne. Et ce depuis la lecture de Sur Marcel Duchamp de Robert Lebel et Silence de John Cage. « Duchamp, c’est très cagien. Duchamp et Cage sont deux personnalités, deux figures essentielles, des empêcheurs de tourner en rond. On peut les qualifier de provocateurs mais c’est beaucoup plus fin que cela. Ils ont mené toute une réflexion sur la position de l’artiste, celle de l’œuvre, sur la hiérarchie en musique. Si je n’avais pas lu ces deux livres, je ne saurais pas qui je suis ».

Duchamp a bousculé les codes de l’art et nourri les questionnements des artistes. Pas seulement les peintres et les sculpteurs. Il a étendu « le champ des possibles », « le champ des libertés » aux improvisateurs, aux musiciens, tels que Joëlle Léandre. « Avant Duchamp, le sujet était tellement emprisonné, cadenassé, muselé. Lui a tout ouvert. Il a donné de l’air. Avec lui, il y a eu une sorte d’explosion. Cela touche aussi bien le social, la politique que les institutions ». 

Sculpter la matière du son

Pour un artiste, c’est un profond engagement, un chantier de toute une vie. « Quand on commence, on apprend avec ses maîtres. Après, il faut désapprendre. Sinon, nous sommes des éponges. C’est le vide. Si j’avais dû interpréter des partitions des grands compositeurs, je me serais complètement ennuyée. Je n’ai jamais voulu être dans la répétition. J’ai suivi des maîtres. J’ai ensuite développé le soi. Pour cela, on ne nous donne pas les clés. Il faut se réveiller individuellement, prendre des risques, être dans la création. Il faut rater, rater beaucoup et rater encore. Là, on peut déranger et être dérangé. Il y a un côté subversif, provocateur. Mais, c’est beaucoup de solitude ».

Joëlle Léandre a positionné son instrument, la contrebasse, autrement pour être dans une poésie plurielle, travailler le son, comme une matière. « La musique, c’est du son. Elle a besoin de son mais le son n’a pas besoin de musique ». Mardi 29 mai, à la Maison de l’université à Mont-Saint-Aignan, elle va sculpter le son avec le pianiste Antoine Berland et la chanteuse Guylain Cosseron. Pas de concert mais une performance, « une aventure avec beaucoup de surprises. Nous avons fait beaucoup de musique ensemble. Nous sommes comme trois gamins avec nos jeux. Nous jouerons de nos instruments et il y aura aussi de nombreux objets ». Une heure de création musicale en forme de clin d’œil à Marcel Duchamp le précurseur.

  • Mardi 29 mai à 20 heures à la Maison de l’Université à Mont-Saint-Aignan. Tarifs : de 15 à 5 €. Réservation au 02 32 76 93 01 ou sur spectacle.mdu@univ-rouen.fr