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Alexis HK : « L’idée de solidarité et d’humanité n’est pas une coquetterie de gauche »

photo : Pierre Leblanc

Comme dans Le Dernier Présent, Alexis HK s’est fait moins conteur pour partager dans cet album, Comme Un Ours, des émotions intérieures et des états d’âme. L’écriture est toujours aussi sensible, subtile et élégante, le regard, éclairé et bienveillant quand il s’agit d’évoquer nos fragilités, nos solitudes, nos tourments et ceux du monde. On se laisse à nouveau charmer par cette poésie moderne, parfois incisive, d’autres fois drôle. Alexis HK sera mardi 11 février au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen. Entretien.

Pourquoi avez-vous à nouveau fait appel à un metteur en scène, Nicolas Bonneau, pour cette tournée ?

Je n’avais pas envie d’un tour de chant avec un défilé de chansons mais d’un spectacle, d’un moment décalé et surprenant. Je souhaitais contextualiser les morceaux et être au service d’une histoire.

Gardez-vous de bons souvenirs de votre travail avec François Morel sur Georges et moi ?

Un excellent souvenir ! François Morel a apporté son humour, son talent, une vraie plus-value. C’est un magnifique comédien qui a le sens du rythme, forgé par des années d’expérience. À un moment où la chanson a du mal à vivre, cela ne suffit plus d’écrire de bonnes chansons. Nous avons été précédés par des artistes qui ont marqué l’histoire de la musique. Faire vivre les chansons, c’est trouver un moyen de les mettre en valeur.

Comment vous sentez-vous dans cet autre rôle ?

Je me sens très bien. Il y a quelque chose de vivant et d’élégant dans ce spectacle. On peut parler avec gravité, humour, profondeur et autodérision de tout ce qui nous mine. Tant que l’on peut faire cela, tout espoir est encore permis.

Il y a beaucoup d’états d’âme dans Comme Un Ours.

L’humour est mal en point aujourd’hui. Il est difficile de rire. On a toujours peur de blesser quelqu’un. Coluche et Desproges ont montré que l’autodérision fonctionne le mieux. Je pense que l’avenir est dans l’autodérision. Tous les jours, il y a cent nouvelles raisons de se pendre. Pour s’en sortir, il n’y a que la dérision. 

Qu’est-ce qui vous rend sombre ?

Grâce aux facilités technologiques, il est possible d’avoir facilement des nouvelles de l’autre bout de la planète. Elles se propagent rapidement. Cela aurait dû créer de l’universalisme. Or, on constate des enfermements idéologiques. Le sentiment de solitude n’a jamais été aussi grand. Les désillusions, aussi. Aujourd’hui, le monde est trop compliqué. C’est une nébuleuse. Il faut se sortir de cela et rendre heureux les gens que l’on a à proximité. Sinon, on peut s’assombrir et tomber dans quelque chose de douloureux. Surtout si on se laisse envahir par la peur. L’idée de solidarité et d’humanité n’est pas une coquetterie de gauche. L’oublier peut me rendre triste.

Comme Un Ours parle notamment de solitude.

Une solitude choisie permet d’être une source, de fabriquer des choses. Sinon, elle est très difficile à vivre. Je vois les gens qui errent dans les villes, ceux qui ont pris un virage mal négocié. Leur douleur me fait mal. On ne peut pas vivre seul. Il faut un réseau social qui ne soit pas Facebook ou Instragram. La solitude est pire que la mort.

Dans une chanson, Je me suis assoupi, vous dites : « je n’ai rien vu venir ». 

On ne veut pas voir. On se voile toujours un peu la face jusqu’à ce qu’arrive une déflagration qui va nous réveiller. On se laisse bercer dans un confort, dans un cadre agréable. Je ne fais pas de morale. Depuis la vague d’attentats, j’ai le sentiment que l’on était à côté. Quand un événement nous choque, nous détruit, il nous ramène au même niveau. C’est comme si on avait besoin de violence pour se reconstruire. Le monde est difficile et il ne faut pas s’endormir.

Qu’est-ce qui a aiguisé votre sens de l’observation ?

J’ai toujours fonctionné comme cela. Si on ne veut pas rater son passage sur terre, il faut rester étonné. La vie est une aventure singulière. Il faut rester étonné par des petites choses sans importance qui sont pourtant extraordinaires. Je conçois que les personnes qui ont travaillé toute une journée, passé beaucoup de temps dans les transports ne peuvent avoir ce loisir. J’essaie de prendre du temps pour lire, de me promener et de garder les yeux ouverts.

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