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Amala Dianor à L’Arsenal : « Je ne me vois pas arrêter de danser »

photo Jef Rabillon
photo Jef Rabillon

Il est un fabuleux interprète. Amala Dianor a travaillé avec différents chorégraphes tels que Régis Obadia, Abou Lagraa, Farid Berki, Georges Momboye, Emanuel Gat… Pour sa compagnie éponyme, fondée en 2012, il a imaginé un vocabulaire singulier mêlant le hip-hop et les danses africaine et contemporaine. Mardi 17 janvier, le théâtre de L’Arsenal à Val-de-Reuil propose de découvrir une facette du répertoire de cet artiste généreux à travers trois pièces chorégraphiques, Extension, un clin à la rencontre avec Bboy Junior, Nioun Rec, et son premier solo, Man Rec qui signifie seulement moi. Entretien.

 

A quel moment avez-vous eu envie d’un solo ?

Je n’ai jamais voulu écrire un solo. Je suis un danseur de hip-hop qui est allé dans une formation de danse contemporaine. Pour moi, ce fut un choc. A l’époque, cela ne se faisait pas. Quand on était dans le hip-hop, on y restait. J’ai traversé les générations de danseurs. Pour moi, ce fut un défi d’aller vers la danse contemporaine. Je voulais devenir un bon danseur. Lorsque j’ai fondé ma compagnie, j’ai eu envie de mélanger les corps et les langages, de proposer un autre travail sur le mouvement dansé. Je voulais faire ci et ça. Mon entourage me disait : fais un solo.

 

La décision fut-elle difficile à prendre ?

Oui, c’est difficile. Et travailler un solo, c’est horrible. J’aime être entouré, danser avec d’autres interprètes. Être tout seul sur scène, ce n’est pas rien. Avant de commencer à écrire, j’avais des idées de costumes, de décor, de vidéos… Tout ce qui me permettait de me cacher derrière des artifices. Au fur et à mesure que j’avançais dans mon travail, je voyais bien que rien n’était était juste et tout était futile. Je me suis alors demandé : qu’est-ce que tu veux donner à voir ? Ma réponse a été d’aller dans le mouvement dansé.

 

Comment est arrivée cette passion pour la danse ?

Cela s’est fait naturellement. Petit, j’ai regardé Sidney à la télévision et aussi Michael Jackson qui me portait avec sa danse et ses chansons. Quand tu commences à danser, tu récupères ce que tu vois, tu te l’appropries et tu rends le meilleur. Je fais partie de la deuxième génération de hip-hop. La première était dans la performance, dans la technique. C’est comme ça. Et si tu ne fais pas ça, ce n’est plus du hip-hop. Il y a tellement de codes qu’il a perdu sa liberté et sa fraicheur. La liberté, je l’ai trouvée dans la danse contemporaine. Mon défi a été de montrer du hip-hop et d’aller vers d’autres chemins chorégraphiques.

 

Vous sentiez-vous trop à l’étroit ?

Pas spécialement parce que l’on fait ce que l’on veut. Tout est toujours ouvert. Et j’ai la chance de mener mes propres projets. A un moment, il faut faire des choix, Ou tu te bats pour créer un vocabulaire nouveau, ou tu fais comme tout le monde. J’aime croiser les langages. C’est là que je me sens comme un poisson dans l’eau. Je cherche une proposition pertinente dans le mouvement dansé en intégrant l’énergie de la danse hip-hop. Dans mon travail, je donne à voir des individus qui maîtrisent une technique et je les emmène ailleurs. Je pars de la matière des danseurs. On entame ensuite un dialogue ensemble pour écrire une partition.

 

Où prenez-vous le plus de plaisir : à être danseur ou chorégraphe ?

Maintenant que je suis devenu chorégraphe, je m’interroge. Je ressens toujours du plaisir à danser et je prends aussi beaucoup de plaisir à être à l’extérieur du plateau. C’est très confortable. Lorsque l’on danse, il faut entretenir son corps, s’échauffer mais on va où on nous dit d’aller. Être chorégraphe, c’est une grande responsabilité. Aujourd’hui, un jour, c’est blanc, un jour, c’est noir. Je ne me vois pas arrêter de danser.

 

  • Mardi 17 janvier à 20 heures à l’Arsenal à Val-de-Reuil. Tarifs : 15 €, 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 40 70 40 ou sur www.theatredelarsenal.fr