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Au soleil des Mammames

photo Guy Delahaye
photo Guy Delahaye

Les Mammames sont des êtres qui ont choisi comme lieu d’habitation le théâtre. Ils vont puiser leur énergie dans la chaleur et la lumière des projecteurs. Un jour, leur soleil s’est éteint. Les Mammames se souviennent alors d’une légende : seule la danse peut l’allumer à nouveau. Tous entrent alors en scène. Jean-Claude Gallotta a imaginé cette histoire pour les enfants à partir du langage chorégraphié de Mammame, une pièce créée en 1985 qui a fait le tour du monde. L’Enfance de Mammame, jouée mercredi 14 mai au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly, est une belle fantaisie, une fable poétique et drôle sur la fraternité qui traverse toutes les danses. Entretien avec le chorégraphe.

 

Avez-vous repris cette pièce Mammame parce qu’elle comportait déjà une part d’insouciance ?

Il y a en effet de l’enfance dans Mammame. Nous étions déjà des grands enfants. Nous portions des shorts. Mais je n’ai pas l’habitude d’écrire pour les enfants. Quand j’ai commencé à travailler, Mammame est revenu tout de suite.

 

Est-ce qu’écrire pour les enfants est un exercice difficile ?

Je ne m’étais jamais posé cette question parce que je n’avais l’obligation de le faire. Souvent, j’ai eu des demandes de création pour enfants. Je répondais : ils peuvent venir à mes spectacles. Pour les tout petits, c’est différent, il est nécessaire de raconter des histoires. Moi, je ne raconte pas d’histoire dans mes pièces. Si histoire il y a, elle s’efface par la danse. Avec Mammame, si on creusait un peu, on pouvait trouver une histoire et garder la danse. C’était là une bonne synthèse qui me permettait de ne pas me trahir.

 

Pourquoi vous trahir ?

C’est peut-être un grand mot. Cependant, en tant qu’auteur, il faut être authentique et sans compromission. Faire un spectacle pour enfants relève souvent d’une démarche commerciale. J’avais peur de rentrer là-dedans.

 

Avez-vous aimé écrire cette première histoire ?

Cela m’a bien plu d’être conteur. J’aurais bien aimé écrire des histoires. Pour ce spectacle, je me suis bien laissé aller. Tout venait facilement.

 

A ces Mammames, vous leur offrez un bon grain de folie.

La folie, c’est la liberté. A l’époque, on était très tribal, très joueur. Nous avons travaillé de manière ludique. Nous avions opté pour un ton joyeux pour dire des choses graves. Nous étions les enfants de toutes les guerres. L’île déserte était le symbole du théâtre, lieu de liberté pour tenir des propos difficiles à dire et à vivre. Ces Mammames ont en effet ce grain de folie très libérateur, cette liberté naturelle.

 

Quel sera le thème de votre prochaine création ?

J’ai envie d’essayer de travailler sur L’Etranger de Camus. C’est une autre dramaturgie qui me permettra de pousser la danse dans ses retranchements. Je travaille également sur des chroniques chorégraphiques. C’est un journal. Je parle sur scène de la pensée, du regard, du mouvement.

 

Dans votre travail sont désormais inscrites des reprises. Pourquoi ?

J’ai toujours défendu l’idée de l’auteur-chorégraphe. Comme un auteur au théâtre. C’est quelque d’important. Par ailleurs, le temps passe. Une génération de chorégraphes disparaît. Une page se tourne, une jeune génération arrive et ne connaît pas les créations passées. Reprendre une pièce est un projet heureux et lui permet de ne pas disparaître. C’est Mathilde Altaraz — elle a pratiquement tout dansé — qui remonte les projets. J’apporte un œil neuf, je réajuste comme un couturier. Je le fais par intuition. C’est intéressant parce que cela me permet de comprendre mes pièces.

 

  • Mercredi 14 mai à 15 heures et 19h30 au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. Tarifs : 5 €, 3 €. Réservation au 02 35 03 29 78 ou à billetterie@cdn-hautenormandie.fr
  • Spectacle tout public à partir de 5 ans.