« Une aventure incroyable »

photo Hadrien Denoyelle
photo Hadrien Denoyelle

Il y a eu un premier projet symphonique à l’automne 2010 avec l’orchestre de l’Opéra de Rouen/Haute-Normandie. Un moment de pure émotion et de douce folie. L’expérience avec une telle formation ne s’est pas arrêtée là. Wax Tailor l’a poursuivie avec un orchestre de 35 musiciens et un chœur de 17 chanteurs, dirigés par Lucie Leguay, à Lille dans le cadre de Lille, ville d’arts du futur. Une jolie façon pour Jean-Christophe Le Saout de fêter les 10 ans de Wax Tailor. Pour cette occasion, il a réorchestré 27 titres, les incontournables en concert comme Que Sera, Say Yes, Heart Stop et aussi les plus discrets comme Sometimes. Dans ce projet monumental, avec 78 personnes sur la route, il y a la musique et aussi une scénographie soignée et originale. Difficile encore de parler de simple concert mais plutôt d’un véritable spectacle. Inventif, perfectionniste, Wax Tailor n’a rien laissé une nouvelle fois au hasard. Ce double album, Phonovisions Symphonic Orchestra, qui sort lundi 3 novembre, est une véritable aventure musicale.

 

Ce nouvel album est un live. Vous qui aimez travailler la matière sonore, comment avez-vous appréhendé ce disque ?

Je ne suis pas fanatique du live. Je préfère aller jouer avec les machines dans mon studio. J’adore vraiment ça. J’ai eu une première expérience avec un orchestre symphonique il y a quatre ans. Il y en a eu une nouvelle et j’ai eu envie de marquer ce moment. On a fait l’Olympia quand même. J’ai voulu donner à voir cette expérience en live. Là, j’ai davantage fait un disque dans les conditions du direct et en public avec tous les codes du live, les ambiances. J’ai souhaité faire comprendre aux gens ce qui s’était passé sur scène. Lors de cette tournée, j’ai eu l’impression de vivre une aventure incroyable. J’ai donc eu envie de laisser une trace de tout ce que j’avais pu ressentir.

 

Pourquoi seulement une impression ? N’est-ce pas une aventure incroyable ?

Oui, c’est une aventure incroyable. Ce qui est intéressant c’est la transformation d’un projet personnel en une aventure collective. C’est la maturation d’un projet. Je suis en fait un rat de laboratoire. Sur scène, il y a quelques chose de palpable qui permet de dire : ensemble, c’est bien. Avant de monter ce projet, je sortais de 150 dates. Neuf mois avaient été nécessaires pour composer l’album. Je me demandais quand j’allais pouvoir me poser pour faire du son. Il y a eu cet heureux accident. A chaque fois, quand les dates approchent, ce sont les doutes qui prennent le dessus. Je me dis que je ne serais jamais prêt et que plus jamais je ne monterais de tel projet.

 

Pourquoi des doutes ? Vous avez déjà eu une expérience similaire.

Oui mais j’ai eu autant de doutes. La configuration n’était pas la même. La logistique était plus lourde parce que l’aspect scénographique devait être plus travaillé. J’ai réuni 25 réalisateurs, des chercheurs du CNRS pour faire un tour de pistes du champ des possibles en terme de technologie. Comme je sortais d’une tournée avec un album qui racontait une histoire, je ne pouvais repartir avec une idée semblable. Aujourd’hui, le projet a dix ans d’existence. Il y a quatre albums. Il fallait les réinventer. Je suis allé chercher les titres que je n’ai pas forcément le plus joués.

 

Vous avez cependant gardé un fil narratif.

C’est ce qui est magique avec le public : les disques sont considérés comme dans des bandes originales de film. J’entends tout le temps ça. Et j’adore parce que les gens comprennent ce que tu espères. Avec Phonovisions, j’ai voulu revenir à ce truc à travers la puissance de la musique, des émotions. Chacun va alors se faire sa propre histoire.

 

 

Comment cette nouvelle expérience avec un orchestre symphonique va influencer votre écriture ?

C’est difficile à dire. Après l’expérience avec l’orchestre de l’Opéra de Rouen/Haute-Normandie, je suis parti en studio pour Dusty Rainbow. Je n’avais pas envie de travailler sur un album avec un orchestre symphonique. J’ai fait seul avec mes bouts de ficelle. Evidemment, il reste toujours quelque chose de toute expérience. J’ai notamment appris en terme d’arrangements. J’étais complètement étranger à l’orchestration. Cette fois-ci, j’ai pu être davantage impliqué dans ce travail.

 

Quand allez-vous vous poser ?

J’ai quelques petites distractions à l’étranger. Ce sont de plus petits formats. Après, je n’ai pas de dates jusqu’à la fin de l’année. Je vais pouvoir entamer une vraie période de studio. Ce que je n’ai pas fait depuis trois ans. J’ai hâte parce que je suis en train de refaire ce studio. J’ai hâte d’en prendre possession.

 

  • Phonovisions Symphonic Orchestra, Wax Tailor. Sortie le 3 novembre 2014