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Bouzard à Normandiebulle : « J’ai le goût de l’immédiat »

guillaumebouzardGuillaume Bouzard incarne depuis le milieu des années 1990 le renouveau de la bande dessinée d’humour. Toujours au sommet, il est l’invité d’honneur d’un festival Normandiebulle placé sous le signe de l’humour, du foot et du rock. Il sera les 24 et 25 septembre aux tennis couverts à Darnétal pour dédicacer ses ouvrages. Gagnez un exemplaire de The Autobiography of me too de Guillaume Bouzard en écrivant à relikto.contact@gmail.com

 

Pour quelles raisons avez-vous accepté d’être invité d’honneur du Festival Normandiebulle ?

Je connaissais le festival de nom, de réputation – j’avais même le souvenir d’avoir bien aimé l’affiche qu’avait faite Emile Bravo en 2007 . Alors quand on m’a proposé d’être invité d’honneur, j’ai tout de suite accepté, d’autant que les organisateurs me proposaient d’inviter quelques-uns de mes potes auteurs (Olivier Besseron, l’un de ses collègues de Fluide Glacial, jouera à 22 heures vendredi prochain au bar Le 3 pièces a Rouen avec son groupe « Stop II », ndlr). Ceci dit, quand on me propose, j’accepte toujours ! C’est bon pour l’ego !

 

Votre affiche sonne le retour des thématiques du début : les vaches !

Je ne le savais pas ! C’est sorti des méandres de mon cerveau, en me demandant ce que représentait pour moi la Normandie. Et puis j’y ai mis mon avatar en scène, comme souvent !

 

Vous n’avez pas de portable, de blog, de site… Est-ce difficile de lutter ?

Alors si, j’ai un portable… mais il est toujours éteint ! Je ne m’en sers que quand je suis en déplacement, pour appeler mes enfants. C’est juste un lien familial. Là, il doit être déchargé ! Mais en effet, Facebook, les réseaux sociaux, ce n’est pas mon truc. Et ça ne m’handicape pas du tout : les éditeurs s’en foutent, du moment qu’ils reçoivent par mail les planches en temps voulu !

 

Justement, vous dites avoir tendance à commencer beaucoup de choses, mais à avoir du mal à finir…

Oui, mais je termine toujours tout ! J’ai besoin de travailler dans l’urgence, et je l’assume complètement. C’est vrai que ça crée des problèmes d’organisation. J’ai du mal avec les délais et je suis fréquemment en retard !

 

Le fait de travailler pour la presse, Libération, Fluide Glacial, Jade…, où il y a des deadlines courtes, doit vous forcer à être rigoureux…

Oui, c’est vrai. Là, je sais que j’ai des dates ou un rythme à respecter. En fait, travailler pour la presse, c’est vraiment mon truc. Quand je travaille pour des albums longs, j’ai l’impression de me scléroser. J’ai vraiment le goût de l’immédiat, j’aime ça. Les histoires courtes, le travail dans l’urgence, c’est beaucoup plus stimulant.

 

Improvisez-vous toujours autant qu’à vos débuts ?

Oui, toujours autant. Mon rythme, c’est l’improvisation. Ecrire des scénarios réfléchis, c’est mort pour moi. L’improvisation me fait emprunter des chemins qui me mènent là où il faut que j’aille. C’est comme ça que je fonctionne. Mais on est d’accord, avec plus ou moins de bonheur !

 

Dans beaucoup de vos albums, Autobiography of me too (Les requins Marteaux), Moi BouzarD (Dargaud)…, vous racontez les histoires d’un personnage qui a votre nom et qui vous ressemble. Vous dites l’avoir imaginé pour vous moquer de la vague d’autofictions qui a démarré dans les années 1990. Mais est-ce que, malgré vous, vous ne vous livrez pas un peu…

Oui et non. Quand je dis que je ne me dévoile pas, c’est un peu réducteur. Mais est-ce que mettre en scène un personnage qui, en effet, bois des coups avec ses copains, écoute du rock et habite à la campagne, comme moi, c‘est se dévoiler ? Je ne mets rien d’intime dans mes bandes dessinées. C’est ma « pseudo vie » ! C’est un contexte, qui me permet d’aller ailleurs et de faire de l’humour. Je suis sûr que ma vie n’intéresse personne. Ceci dit, c’est vrai que quand je suis rentré dans cette logique d’autobiographie fictive pour me moquer de ceux qui se prenaient trop au sérieux, j’ai fini par me prendre au jeu…

 

Pensez-vous que la bande dessinée d’humour est plus considérée qu’avant, ou est-elle encore un peu méprisée ?

Je pense qu’elle est plutôt mieux considérée aujourd’hui, car les lecteurs n’ont plus de complexes à en lire. Mais il n’en reste pas moins en effet que c’est moins pris au sérieux que les bandes dessinées plus graves. On reste encore en marge. D’ailleurs, le prix de la BD d’humour a été enlevé au Festival d’Angoulême. C’est un signe !

 

Etes-vous un lecteur de bandes dessinées. Et si oui, quelles sont les dernières que vous avez appréciées ?

Oui, je lis régulièrement des bandes dessinées. Dernièrement, j’ai lu la trilogie de Charles Burns éditée chez Cornélius, et ça a été un choc. Et aussi Le tampographe de Sardo à L’assoc, qui est un chef-d’œuvre. J’ai Le rapport de Brodeck de Manu Larcenet sur ma table de nuit et j’attends d’avoir un moment calme et concentré pour le lire. J‘ai adoré Chroquettes que Menu a édité chez Fluide Glacial, qui est un auteur que j’ai toujours vénéré ! Et puis le Look Book de Salch (également chez Fluide Glacial, ndlr), c’est tout ce que j’aime !

 

Propos recueillis par Laurent Mathieu

  • Samedi 24 et dimanche 25 septembre de 10 heures à 18 heures dans les tennis couverts, allée de la Gare, à Darnétal. Tarifs : 6 €, 4 € la journée, 8 €, 6 € les deux jours.
  • Programme complet sur www.normandiebulle.com