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Cartes blanches à Mehdi-Georges Lahlou

Et si rien ne prend racine dans cette oasis… C’est le titre de la carte blanche donnée à Mehdi-Georges Lahlou aux musées des Beaux-Arts et des Antiquités durant Le Temps des collections. Jusqu’au 24 février, le plasticien, artiste de la performance, se joue des références religieuses et culturelles.

On a découvert Mehdi-Georges Lahlou grâce au CDN de Normandie Rouen. Il en est l’un des artistes associés depuis la saison 2018-2019. Danseur, plasticien, performeur, il traverse les questions de la mémoire collective, de l’identité, du genre. Il joue sur les apparences et avec les matières, dont son corps. Il n’y a pas de limite chez cet artiste pluriel, installé aujourd’hui à Bruxelles.

La Réunion des musées métropolitains a donné carte blanche à Mehdi-Georges Lahlou. Au musée des Antiquités, il pioche dans les thèmes de la Renaissance italienne pour questionner la notion du visible et de l’invisible. Il multiplie les images de la Vierge à l’enfant dont le visage a disparu. Plus loin, au milieu des collections égyptiennes, il a ajouté son buste en plâtre, orné des attributs de Nefertiti. « Nous avons tout été un jour une personnalité pharaonique », s’amuse-t-il.

Un parcours sensoriel

Nefertiti n’est pas loin avec cet autre autoportrait conçu en pois chiches et coiffé d’une ordinaire plante verte. Une sculpture plus intrigante représentant un être à la peau abîmée. À côté se trouve un autre buste d’une blancheur éclatante portant un grand vase. « Il n’y a pas là une volonté de me reproduire. J’ai été une matière dans plusieurs de mes propositions. Pour moi, l’identité est moins intéressante que la matière ».

Ces deux sculptures forment le parcours sensoriel et émotionnel de cette exposition, Et si rien ne prend racine dans cette oasis…, à voir jusqu’au 24 février au musée des Beaux-Arts à Rouen. Mehdi-Georges Lahlou y présente également trois moitiés de buste couché, comme des restes d’humains piégés dans des cendres, une pièce monumentale en semoule, semblable à un assemblage de pierres de construction. « Elle a été créé à Bruxelles. Depuis, elle continue à vivre, à s’effriter. Tout dépend comment il sera possible de faire tenir l’humidité. C’est une cartographie aléatoire ». 

Une trace

Au milieu de la pièce, trône Les Talons d’Abraham, une pièce inspirée de la Station d’Abraham, une pierre sacrée de l’Islam portant les traces de pas du prophète. Mehdi-Georges Lahlou en propose une interprétation mystérieuse. Là, c’est lui qui laisse les traces de ses pas en talons aiguilles dans une couche de cannelle. Avec Of The Confused Memory, il imagine un vitrail en forme d’étoile et rappelant mes moucharabieh. Pas de figure religieuse colorée mais des images de soldats de la Première Guerre mondiale venant des colonies qui s’effacent avec la lumière.

Une carte blanche, il y en aura une seconde cette saison jeudi 30 janvier au musée des Beaux-Arts et au théâtre des Deux-Rives à Rouen. Viens-là est un nouveau parcours dans les collections, ponctuées de performances dansées, et la présentation de deux spectacles, un solo, Devout with the flash, et un duo avec Marie Payen, Ils se jettent dans des endroits où on ne peut les trouver.

Infos pratiques

  • Jusqu’au 24 février, tous les jours, sauf le mardi et les jours féries, de 10 heures à 18 heures, au musée des Beaux-Arts à Rouen. Entrée gratuite. Renseignements au 02 35 71 28 40 ou sur www.musees-rouen-normandie.fr
  • Jusqu’au 24 février, du mardi au samedi, de 13h30 à 17h30, et le dimanche, de 14 heures à 18 heures, au musée des Antiquités à Rouen. Entrée gratuite. Renseignements au 02 76 30 39 50 ou sur https://museedesantiquites.fr/fr
  • Viens-là : soirée promenade et performances jeudi 30 janvier à partir de 17 heures au musée des Beaux-Arts et à 19 heures au théâtre des Deux-Rives à Rouen. Entrée libre.