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CDN de Normandie Rouen : le théâtre comme miroir d’une société

photo Arnaud Bertereau

On ne sera pas probablement pas déçu par cette nouvelle saison qui commence vendredi 28 septembre au centre dramatique national de Normandie Rouen. La programmation dévoile de belles promesses artistiques.

Des thématiques contemporaines. Le genre, la représentation de la femme, la violence, les identités, les discriminations… Autant de sujets brûlants d’actualité qui sont source de violences dans la société et qui traversent à nouveau cette nouvelle saison 2018-2019 au centre dramatique national de Normandie Rouen (CDN). De plus en plus d’artistes, qu’ils viennent du théâtre, de la danse, du cirque et de la musique, s’en emparent avec exigence à travers la relecture des grands classiques ou des écritures contemporaines. « Les propos n’ont pas changé mais les créations ont une énergie plus positive. Le monde de douceur, de joie qu’ils proposent est une arme de résistance contre la violence », remarque Philippe Chamaux, directeur adjoint. « La beauté pour montrer la laideur, ajoute David Bobée, directeur du CDN. Tout cela se fait par le prisme du plaisir de théâtre. C’est un rendez-vous et un temps pour que, collectivement, nous réfléchissions sur un sujet. Le théâtre offre les moyens de mettre en branle l’appareil critique, la pensée pour comprendre le réel ».

Des créations. Un centre dramatique national est un lieu certes de diffusion mais aussi de création. Pour cette saison 2018-2019, il y 14 productions et coproductions dont Une Maison de poupée d’Ibsen par Lorraine de Sagazan, L’Âge bête du Groupe O, Où La Chèvre est attachée, il faut qu’elle broute de Rébecca Chaillon, Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète de Gurshad Shaheman, Noire de Tania de Montaigne et Stéphane Foenkinos, Jeanne de Cornelia Rainer… Après 5 créations la saison dernière (Peer Gynt d’Ibsen, Stabat Mater de Pergolese avec Les Nouveaux Caractères, la reprise de Warm, La Nonne sanglante de Gounot et Mesdames, messieurs et le reste du monde à Avignon), David Bobée met en scène en 2018-2019 Louées soient-elles sur des musiques de Haendel, le texte du lauréat du prix Théâtre RFI qui sera connu au printemps et reprend le feuilleton du festival d’Avignon 2018. Autre spectacle à venir : le CDN va créer au festival d’Avignon 2019 une pièce de Kirill Serebrennikov, artiste russe assigné à résidence que Poutine accuse d’avoir détourné de l’argent.

En quelques chiffres. La saison 5 du CDN de Normandie Rouen compte cette saison 2018-2019 41 spectacles (39 l’année dernière), avec 139 représentations. 9 sont proposés par des compagnies régionales, 18 par des troupes nationales et 14 par des artistes internationaux. La parité est respectée puisque la saison affiche 34 créatrices et 30 créateurs. Autres chiffres : 9 spectacles sont dirigés par des artistes représentatifs de la diversité ethnique de la population et 20 mettent en scène cette diversité par la présence de comédiennes et de comédiens sur scène.

Un 2e mandat. David Bobée a entamé sa 5e saison et aussi son 2e mandat. Lors du premier, il avait tout à construire puisque le CDN de Normandie est le fruit de la fusion de deux structures culturelles (scène nationale de Petit-Quevilly/Mont-Saint-Aignan et le centre dramatique régional à Rouen). Il s’est attaché à « structurer le CDN, à créer l’EPCC (établissement public de coopération culturelle, ndlr), trouver une identité forte, affirmer le projet artistique et politique et lui donner une visibilité ». Le contrat est largement rempli puisque la marque CDN de Normandie Rouen s’exporte au-delà de la région et même de France. La parole de son directeur est écoutée. Sa volonté d’ouvrir ses lieux à des troupes représentant la diversité de la population se lit dans ses programmations. Lors de ce 2e mandat, David Bobée s’est fixé comme objectif de consolider sa maison à long terme, notamment en terme de financement.

Les trois lieux. Le CDN de Normandie, c’est en effet trois lieux. Surtout deux : le théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly et le théâtre des Deux-Rives à Rouen. Le troisième, à Mont-Saint-Aignan est encore en construction. Le chantier accumule les retards et l’ouverture, prévue à l’automne 2018, est reportée sine die. Il est prévu, en deux temps, des projets de restructuration pour les deux premiers théâtre. Plus important à La Foudre avec de nouveaux aménagements des bureaux, des services techniques, des loges, de l’espace public et la rénovation de la façade. « Le théâtre sera un endroit ouvert sur la ville avec un bar, une terrasse et une communication avec la bibliothèque pour devenir un véritable lieu de vie », se réjouit David Bobée. Pas de saison reportée, pas de hors les murs. Les travaux seront effectués pendant les mois d’été. Au Deux-Rives, il y a déjà eu quelques changements dans le hall, revêtu de nouvelles couleurs. Pour la moquette et les sièges, il faudra attendre une saison.

  • Présentation de la saison 2018-2019 vendredi 28 septembre au Théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. C’est complet.
  • Programmation complète sur www.cdn-normandierouen.fr