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Chants d’Elles : « La Demoiselle de Wellington » au Rêve de l’escalier

Une histoire : La Demoiselle de Wellington. Deux artistes : Dorothée Piatek et Akim Amara. Ils font découvrir, pour la première, des extraits d’un livre, pour le second, des chansons, dimanche 13 novembre au Rêve de l’escalier à Rouen lors de Chants d’Elles.

 

demoiselledewellington24 000 hommes et, seulement, une jeune femme. On l’imagine très belle, douce, fragile, élégante, des yeux rieurs… On l’imagine parce qu’elle n’est pas un personnage de l’histoire. Pourtant elle est omniprésente. Jenny est La Demoiselle de Wellington, titre du projet littéraire et musical mené par Dorothée Piatek et Akim Amara et présenté dimanche 13 novembre au Rêve de l’escalier à Rouen dans le cadre du festival Chants d’Elles.

 

Jenny a été la première chanson écrite par Akim Amara. Elle a bouleversé l’histoire de l’écrivaine. Une histoire méconnue qui se déroule dans un lieu oublié pendant quarante ans. Dorothée Piatek l’a découverte lors de recherches effectuées pour les besoins d’un autre roman. C’est un des épisodes de la Première Guerre mondiale. A Arras, les états majors des Alliés envisagent une attaque d’une grande envergure contre les troupes allemandes. Pour réunir un grand nombre de soldats, des tunneliers néo-zélandais ont creusé à 20 mètres sous la ville une vingtaine de kilomètres de galeries avec des bureaux, des dortoirs, des cuisines, des latrines, un hôpital… 24 000 hommes, issus du Commonwealth, vivront dans la carrière Wellington jusqu’au 9 avril 1917, jour de l’assaut. Il y aura cent ans. Et tout cela dans le plus grand secret.

 

Dans son livre, écrit à partir de septembre 2015, Dorothée Piatek raconte, sous la forme d’un journal la vie d’un des soldats, Dean Kingston, le mari de Jenny, dans ce lieu unique. « Quand je suis descendue la première fois dans la carrière il y a 4 ans, j’ai eu beaucoup d’émotion. Le lieu est très chargé. On y accède par un ascenseur. On sillonne un kilomètre de galerie. On ressent ce que les hommes ont ressenti : la température, l’humidité. On imagine les odeurs de cuisine, corporelles, la résonnance des tirs au-dessus… Il reste aussi des objets : des bouteilles, des boîtes de corned-beef, des chaussures ».

 

Une chanson par jour

 

L’écrivaine poursuit ses recherches, se rapproche d’Alain Jacques, historien et archéologue qui a redécouvert la carrière Wellington, entame une première ébauche de son livre. « Quand j’ai commencé à écrire, j’écoutais en boucle un album, Va, Cours, Vole et Crève. J’avais besoin d’entendre cette voix. Les sons qui émanaient dans la musique me faisaient penser à tous les murmures des soldats. J’ai alors demandé à Akim Amara d’écrire des chansons venant en contrepoint du roman ».

 

Des chansons, il y a en 12, écrites pendant l’été 2014. Une par jour. Le chanteur est captivé par « cette histoire incroyable à cause de ce vécu dans les casernes. J’ai un grand-père, des grands-oncles, un père militaires. Ils ont aussi participé à plusieurs guerres dans les troupes françaises. Dans la carrière Wellington, il y a 24 000 hommes, c’est autant d’histoires personnelles à raconter ». Pas seulement. Il y a surtout les sentiments éprouvés dans cet endroit souterrain avant des affrontements meurtriers, comme « la peur, la mort, l’enfermement, la nostalgie… »

 

L’écriture de Jenny a été comme une évidence. « De quoi les soldats ont-ils besoin avant tout ? Être en contact avec ceux qu’ils ont quittés. C’était très important pour eux de recevoir une lettre, une photo, un colis ». D’Akim Amara, on connaît une écriture acérée. Dans La Demoiselle de Wellington, celle-ci se fait plus ronde. Toujours juste et poétique.

 

Dimanche, pour Chants d’Elles, Dorothée Piatek lira des extraits de son livre. Akim Amara interprétera avec Pauline Denize, violon, Fabien Senay, guitare, quatre titres. La suite : la sortie du roman, illustré par Jérémy Moncheaux, en février ou mars 2017, l’enregistrement des titres et un spectacle d’Akim Amara qui mêle théâtre et chansons.

 

  • Dimanche 13 novembre à 18 heures au Rêve de l’escalier à Rouen. Entrée libre.
  • Première partie : Mélanie Leblanc