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Confessions intimes

photo Emilia Stéfani

Terres de paroles, c’est une série de lectures qui commence jeudi 23 mars dans le pays de Caux, à Fauville. Le festival accueille vendredi 24 mars à La Rotonde la Compagnie des Hommes avec L’Amour en toutes lettres, un spectacle qui tourne depuis 18 ans.

 

photo Emilia Stéfani

A qui se confier ? Avant la Seconde Guerre mondiale, on allait volontiers voir le curé de sa paroisse. Et pour les questions intimes ? Toujours le curé. L’abbé Viollet a été ainsi une oreille privilégiée d’un grand nombre de femmes et d’hommes. Il a reçu de ses paroissiens divers courriers réunis en 1996 dans un recueil par une historienne, Martine Sevegrand dans un recueil.

 

Didier Ruiz en a sélectionné 35 dans ce spectacle, L’Amour en toutes lettres, questions sur la sexualité à l’abbé Viollet, 1924-1943, donné vendredi 24 mars à La Rotonde à Fauville. « J’ai choisi les plus directes, les plus théâtrales. Toutes sont écrites de manière remarquable. Des personnes savaient manier la plume. A la lecture, on ressent un soin dans l’écriture, un soin aussi dans le choix des mots. Tous ont pris le temps, mûri leur réflexion ». Cela fait 18 ans que ce spectacle est en tournée avec la même distribution. « C’est très beau. La fidélité est quelque chose d’important », se réjouit le metteur en scène.

 

Sur le plateau, dix comédiens se relaient pour partager les secrets, les doutes, les douleurs, les attentes, les peurs… « J’ai été très touché par la lettre d’une paysanne. Elle est une mère de 10 enfants et attend le onzième. Elle écrit qu’elle n’a plus d’affection, plus d’amour à donner, que la maternité est compliquée », confie Didier Ruiz. La question qui revient le plus souvent, c’est « la continence ». « Ce n’est pas chose facile quoique nous faisions notre possible pour cela. Mais tout en observant la continence, il est bien permis de se témoigner son attention par des signes sensibles et c’est là la difficulté, car une caresse en entraine une autre et le sens sont vite excités, à moi surtout, car mon mari résiste bien, mais moi je suis vite entrainée et la jouissance arrive sans que je puisse y résister malgré toutes les résolutions que je prends et que je cherche à tenir de mon mieux qui hélas n’est pas grand. Et à cela je voudrais savoir s’il y a faute ? Et laquelle ? Vénielle ou mortelle ? »

 

Ces lettres sont une collection de portraits. Elles racontent l’intimité des couples, surtout le poids de la religion dans la vie. Tous sont des catholiques. Elles résonnent étrangement aujourd’hui après certaines prises de position lors du débat sur le mariage pour tous.

 

  • Vendredi 24 mars à 16 heures et à 19 heures à La Rotonde à Fauville. Tarifs : de 10 à 6 €. Réservations au 02 32 10 87 07 ou sur www.terresdeparoles.com