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Da Silva au Trianon transatlantique : « Je me sens plus comme un coureur de fond »

On l’a connu très minimaliste. Le voilà grandiloquent. Pour ce nouvel album, sorti en mars 2017, Da Silva est allé à rebours de la majeure partie de la production musicale actuelle puisqu’il s’est entouré d’un orchestre de 30 musiciens. Les 12 titres de L’Aventure se parent de boucles électroniques mais surtout de cuivres, de cordes pour parler d’amour, des craintes de lendemain et les maux contemporains. Da Silva qui connaît bien le Kalif est en concert vendredi 8 décembre au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen. Entretien.

Est-ce que l’aventure est avant tout musicale pour vous ?

Non mais c’est une façon de vivre. J’ai écrit ce sixième album pour sortir de ma zone de confort, pour m’amener à m’interroger, à prendre des risques. Je suis allé vers des choses qui n’étaient pas forcément très attendues.

Qu’avez-vous cherché ?

Je suis allé chercher de l’adrénaline. J’ai aussi voulu apprendre des choses, comprendre ce que je ne comprends pas d’habitude, tenter d’aimer ce que je n’aime pas.

Est-ce que l’aventure avec cet album a davantage été intérieure ?

Non, elle a été vécue. J’ai mis trois ans et demi à composer cet album. Cela n’a pas été facile. J’avais envie d’une orchestration riche. J’ai donc travaillé avec un orchestre philharmonique dans un grand studio à Bruxelles (ICP, ndlr).

Et l’écriture ?

Non, ce n’est pas seulement une aventure intérieure. Mon écriture est issue de la vie. La vraie. Mes chansons sont autobiographiques et aussi romancées pour y mettre un peu de pudeur. Mon imaginaire travaille sans cesse quand je suis en voyage, que ce soit dans le train, dans l’avion. En fait quand je suis en mouvement. Je me sens plus comme un coureur de fond. Je ne fais pas partie de ces artistes qui sont passés par des circuits courts comme Julien Doré ou Olivia Ruiz. Ils ont tout de suite été propulsés. J’ai commencé la musique à 12 ans. J’ai eu mon premier groupe à 16 ans. Et j’ai signé à 30 ans. Cela reste une course de fond.

Est-ce que chaque album est une quête ?

J’écris un album parce que je suis frustré par le travail effectué dans le précédent. On ne fait jamais ce que l’on a voulu faire. Alors on recommence. Quand j’écris un album, je pense déjà à moi. Je fais ça pour moi, pour être bien. C’est une façon de trouver un équilibre dans ma vie. Après je partage ce travail. C’est comme ça.

Dans les différents titres de L’Aventure reviennent régulièrement certains mots dont les mots, doute et amour.

Ma vie est faite d’un milliard de doutes et de quelques certitudes. La première est que je vais mourir. La musique, c’est comme la vie. On avance avec plein de doutes. Ce n’est pas pour cela qu’il ne faut pas se marrer. Quant à l’amour, on sait que les histoires se terminent toujours mal. C’est rare les grandes histoires d’amour.