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Danse à Val-de-Reuil : Le Sacre du Printemps selon Dominique Brun

photo Marc Domage

 

photo Marc Domage
photo Marc Domage

Ce sont deux versions du Sacre du Printemps de Stravinsky et Nijinski qui sont proposées mardi 19 et mercredi 20 avril au théâtre de L’Arsenal à Val-de-Reuil dans le cadre du festival Terres de paroles. Dominique Brun a dû se replonger dans les archives du ballet pour reconstituer ses séquences de l’œuvre dans le film Chanel et Stravinsky de Jan Kounen. Dans Sacre #2, elle propose avec 30 danseurs une reconstitution historique. Sacre #197 est une lecture personnelle imaginée pour 6 interprètes à partir de dessins de Valentine Gross-Hugo. Entretien.

 

Qu’a toujours évoqué Le Sacre du Printemps pour vous ?

Le Sacre du Printemps a toujours été une œuvre interdite. J’avais tellement été éblouie par l’œuvre de Maurice Béjart à l’âge de 10 ans. Ce fut un moment fort, très beau. C’était presque cosmogénique avec un espace qui se crée, des danseurs qui viennent raconter quelque chose de la création du monde. Pina Bausch va ensuite encore plus bouleverser. Cependant, Le Sacre marque un tournant dans la danse contemporaine. Et tellement de chorégraphes se sont engagés dans cette œuvre-là. J’y suis allée différemment, comme dans la peau d’une autre. J’étais sur les traces de Nijinski. C’est lui qui a su rendre hommage à l’œuvre de Stravinsky. Cette musique appelle à une danse. Elle est extraordinaire, jubilatoire. Elle fait partie de notre patrimoine.

 

Pour la reconstitution, vous avez mené votre enquête.

Oui, cela a été un vrai travail d’enquête. Ces recherches m’ont beaucoup passionnée. J’ai été amenée à travailler sur le Sacre du Printemps pour le film. Auparavant, j’ai travaillé sur l’Après-midi d’un faune, une pièce pour laquelle il y a une partition chorégraphique. Donc, je n’arrivais pas les mains vides. J’ai rassemblé des sources, des analyses, des dessins de Valentine Gross-Hugo qui sont des instantanés de mouvements, des postures. Nijinski a écrit un système de notation de mouvement. Dans ce travail, nous savons qu’une trace n’est jamais univoque. Elle a toujours plusieurs sens qui s’offre à la lecture. Il faut donc croiser les interprétations. Nous avons aussi retrouvé beaucoup d’articles de presse dont certains décrivent la danse. La création du Sacre a été un événement très retentissant. Dans cette histoire, il y a surtout beaucoup de vides, de trous, de manques. Le travail se déplace alors du côté de l’invention. Il faut alors partir de ces cercles qui donnent des informations pour générer des contraintes et réécrire une danse.

 

 

 

Quel a été l’enjeu ?

C’est faire revivre une pièce tout en sachant que l’on est plus dans le contexte. Avec néanmoins le rêve et la magie que cela enclenche. Je n’aurais jamais écrite une danse comme celle de Nijinski. Cela produit évidemment des interrogations sur les enjeux de l’histoire de la danse. Nous venons d’une histoire. Pour qu’il y ait création, il doit y avoir des traces. Affirmer le rapport entre histoire et création est très important.

 

Quels danseurs avez-vous choisi pour cette reconstitution ?

Pour la danse de Nijinski, il faut des corps primitifs et pas du tout élancés, comme aujourd’hui, qui essayent de s’extraire de la gravité. Il a fallu beaucoup de temps aux danseurs parce qu’ils se laissaient toujours rattraper par leur culture. Il a donc fallu désapprendre et apprendre.

 

Il y a une reconstitution historique et aussi une relecture libre du Sacre.

J’avais envie de continuer le travail, de partager la lecture des archives avec des interprètes, notamment des dessins et de créer une œuvre pluridisciplinaire. Mettre en regard les deux pièces pose la question de l’authenticité.

 

 

 

 

  • Mardi 19 et mercredi 20 avril à 19h30 au théâtre de L’Arsenal à Val-de-Reuil. Tarifs : de 20 à 10 €. Réservation au 02 32 40 70 40 ou sur www.theatredelarsenal.fr