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De Croisset jusqu’en Orient avec Flaubert

Dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert (1821-1880) sort un nouvel ouvrage sur l’auteur de Madame Bovary, L’Éducation sentimentale et Salammbô, souhaité par le Département de la Seine-Maritime et les éditions Gallimard et écrit par la chercheuse au CNRS, Stéphanie Dord-Crouslé. Flaubert, itinéraire d’un écrivain normand revient sur les lieux qui ont nourri toute une œuvre.

Pour Gustave Flaubert, le lieu essentiel, c’est Croisset, son « refuge », à Canteleu, dont il ne reste aujourd’hui qu’un vestige, le Pavillon, reconverti en musée Flaubert. Acquise par la famille en 1844, la propriété, située le long de la Seine, est devenue le lieu de l’écriture pour l’auteur rouennais. « Croisset lui correspondait, rappelle Stéphanie Dord-Crouslé. Il y était tranquille, un peu éloigné de la ville de Rouen et de ses habitants, mais suffisamment proche pour pouvoir se rendre à la bibliothèque et effectuer ses recherches. Il y était aussi inséré dans une nature qui a pris de plus en plus d’importance au fil des années, notamment la Seine qui passait sous ses fenêtres. Il avait besoin de cet environnement pour écrire. Même s’il disait qu’il n’aimait pas la nature. »

Croisset est un des points d’étape du périple dessiné dans Flaubert, itinéraire d’un écrivain normand. Publié à l’occasion du bicentenaire de la naissance de l’écrivain, cet ouvrage, richement illustré de sites normands, de peintures et aquarelles, de photographies et de pages de manuscrits, revient sur les endroits importants autant pour l’homme que pour l’auteur. Stéphanie Dord-Crouslé, chercheuse au CNRS à Lyon au sein de l’Institut d’histoire des représentations et des idées dans les modernités, emmène aussi ses lectrices et lecteurs à Rouen, lieu de naissance de Flaubert, à Ry, décor possible de Madame Bovary, mais aussi à Honfleur, Trouville et Pont-l’Évêque. Sans oublier l’Orient avant l’écriture de Salammbô et Paris.

« On mange beaucoup dans ses romans« 

« L’ermite de Croisset — une appellation postérieure à sa mort — a aussi vécu à Paris à partir de 1855. Chaque hiver, il passait un à deux mois là-bas où il louait un appartement. Il avait besoin d’y aller non seulement pour des recherches dans les bibliothèques mais aussi par besoin de sociabilité », indique Stéphanie Dord-Crouslé. Pas un livre sur Flaubert sans un chapitre sur la nourriture. « Elle a une grande importance pour Flaubert. On mange beaucoup dans ses romans et les repas rythment les récits. Ils sont un lieu de sociabilité et un révélateur car il y a toujours un rapport entre les mots et les mets ».

Flaubert, itinéraire d’un écrivain normand est le fruit d’une commande du Département de la Seine-Maritime et des éditions Gallimard pour la collection Découvertes Gallimard Hors-série. Stéphanie Dord-Crouslé a imaginé un ouvrage facilement accessible qui se lit comme une promenade à la découverte de sites historiques. Spécialiste de Flaubert, elle étudie la genèse de ses romans. Pour cette agrégée de Lettres modernes, l’aventure avec l’écrivain rouennais a véritablement commencé en classe de première avec la lecture de L’Éducation sentimentale. « J’ai adoré ce livre. Il a été “comme une apparition”. J’avais lu auparavant Madame Bovary mais le livre n’a pas eu le même effet sur moi. J’ai aimé le fait que l’on puisse écrire sur un désenchantement. Un roman peut ne pas se finir bien et la beauté peut être dans l’inachèvement. L’écriture de Flaubert a été une révélation. Avec lui, le fond et la forme sont difficilement dissociables ». Stéphanie Dord-Crouslé s’est ensuite penchée sur l’écriture de Flaubert, plus précisément sur la genèse de ses œuvres, en particulier Bouvard et Pécuchet.

Infos pratiques

  • Flaubert, itinéraire d’un écrivain normand, Stéphanie Dord-Crouslé, Éditions Découvertes-Gallimard, 22 pages, 14,50 €