//

Alain Mabanckou à l’Armitière : du piment à Pointe-Noire

photo Hermance Triay

Alain Mabanckou vient dédicacer son nouveau roman Petit Piment mardi 15 septembre à l’Armitière à Rouen.

 

photo Hermance Triay
photo Hermance Triay

« Le nom que m’avait attribué Papa Moupelo, le prêtre de l’orphelinat de Loango : Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko. Ce long patronyme signifie en lingala Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre des ancêtres, et il est encore gravé sur mon acte de naissance. »

 

 

C’est ce jeune Moïse – faisons court, c’est quand même plus simple – qu’Alain Mabanckou va suivre dans ses péripéties qui commencent à l’orphelinat. Tout est tranquille à Loango (« à une vingtaine de kilomètres de Pointe-Noire ») jusqu’à ce que la Révolution débarque avec perte et fracas dans le village. L’école devient alors le « Local du mouvement national des pionniers de la révolution socialiste du Congo ». Et le bon prêtre a disparu. A sa place, une junte locale autoproclamée, plutôt pathétique. L’occasion pour l’auteur de tourner en dérision la politique à l’africaine. Dérision qui affleure d’ailleurs tout au long du roman.

 

La vie sous la botte – même un peu molle – va vite devenir pesante pour les petits orphelins. Mabanckou pimente son récit d’anecdotes burlesques à hauteur de son Moïse « Petit piment ». Petit Piment va apprendre à grandir et se retrouver à Pointe-Noire où il rencontre l’un des personnages les plus pittoresques du récit. « « Petit piment. C’est pas un nom ça ! Tu dois bien avoir un vrai nom comme tout le monde ? Puisque je ne bronchais pas, elle soupira : C’est pas grave, on t’appellera ainsi ! Moi-même, je m’appelle bien Maman Fiat 500 ! » Et Mabanckou nous expliquera pourquoi.

 

Maman Fiat 500, c’est la bienveillante tenancière de bordel qui va prendre Moïse sous son aile, délivrant au passage quelques aphorismes : « Une femme belle qui cuisine mal et qui bâille au lit se fera supplanter par une laide qui sait préparer un plat de saka-saka et qui envoie son amoureux au-delà du septième ciel… » Petit piment, c’est aussi, en creux, l’histoire d’un pays et d’une époque – le Congo des années 1960 – et derrière la fable légère, qui aurait mérité d’être un peu plus resserrée, transparaît les drames de la pauvreté et le visage de la condition féminine. « Lorsque les Blancs sont venus en Afrique, nous avions les terres et ils avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier les yeux fermés : lorsque nous les avons ouverts, les Blancs avaient la terre et nous la Bible. »

 

H.D.

 

  • Rencontre avec Alain Mabanckou, mardi 15 septembre à 18 heures à L’Armitière à Rouen. Entrée libre.