Dédicace : Sylvain Tesson à La Galerne

photo Thomas Goisque

Sur Les Chemins noirs est comme une thérapie pour Sylvain Tesson. L’écrivain présente son nouveau livre mercredi 16 novembre à La Galerne au Havre.

 

photo Thomas Goisque
photo Thomas Goisque

« L’année avait été rude. » C’est ainsi que commence le récit. L’intrépide Sylvain Tesson, voyageur de l’extrême et buveur de l’impossible, allait connaître le deuil et l’hôpital. Sa maman et une chute. « J’étais tombé du rebord de la nuit. (…) J’avais pris cinquante ans en huit mètres. » Cette fois, pas question de repartir pour les bords du lac Baïkal ou de refaire la retraite de Russie en side-car… Une lente remise en état : « Le rêve s’évanouissait toujours quand la porte s’ouvrait : c’était l’heure de la compote ».

 

Alors, du fond de son horizontalité, fracassé comme jamais, il décide de regarder vers l’horizon : « Si je m’en sors, je traverse la France à pied. » Sylvain Tesson n’est pas du genre à plaisanter avec les paris ; même les plus stupides. « Je ne pouvais jamais regarder ces représentations au 25 000e sans me demander ce qui se tramait là, sous mon doigt, au bout de ce sentier isolé, sur un talus zébré d’un tortillon. »

 

Sur Les Chemins noirs (Gallimard), c’est le carnet de route d’un forcené qui préfère emprunter les chemins perdus plutôt qu’un déambulateur. Une thérapie radicale pour retrouver son corps et l’aventure au coin du champ. Tous les jours (ou presque), bivouac à la fraîche ; même s’il doit être grêlé de médicaments…

 

Sur Les Chemins noirs, c’est aussi le journal d’un homme qui a beaucoup lu et beaucoup vu. Beaucoup bu, aussi (« Je n’avais plus le droit de me fouetter les attelages à coups de schnaps »). Un hyperactif qui aurait pris le temps de lire tous les livres. L’écriture de Tesson, c’est déjà un voyage. Précise, gourmande, généreuse… Cette France, de la Côte d’Azur à la Manche, qu’il semble découvrir pour la première fois, il en ausculte toutes les parcelles, trouve du magique dans la rosée du matin, de la majesté dans l’air du soir… « Les forêts se doraient, que le sorbier ponctuait de rouge. Les pommiers croulaient sous les fruits. Leurs contours japonisaient la rousseur des orées. » On ne saurait faire plus poétique en rase campagne dans la Creuse… De la poésie, un bon bol d’air. Et de l’humour. Le diable d’homme n’a pas non plus perdu son sens de la formule dans sa chute… Respect.

Hervé Debruyne

 

  • Rencontre avec Sylvain Tesson, mercredi 16 novembre à 17 heures à La Galerne au Havre. Entrée libre.