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Dylan Foldrin : « L’ouïe est sous-exploitée »

Photo : Wallace Martin

Avec la compagnie Le Phalène, Les Murmures ont des oreilles… Dylan Foldrin et Quentin Thiollier titillent nos sens. Parce que l’on n’entend pas toujours ce que l’on pense entendre. Comme la vue, l’ouïe peut jouer des tours. Les deux ingénieurs du son, musiciens et magiciens, explorent avec une grande complicité les phénomènes sonores à travers des théories scientifiques, des récits personnels et quelques illusions bien pensées pour éveiller la curiosité. Les Murmures ont des oreilles est un spectacle de la compagnie Le Phalène, créé pendant le festival Spring. Il se joue dans plusieurs villes de l’agglomération rouennaise dont La Traverse à Cléon. Entretien avec Dylan Florin.

Vous êtes ingénieur du son. Qu’est-ce qui vous a amené à la magie ?

J’ai travaillé en tant que régisseur du son sur Dans La Peau d’un magicien, un spectacle de Thierry Collet (magicien mentaliste, fondateur de la compagnie Le Phalène, ndlr). Je suis devenu son assistant, puis un projet artistique est né de notre collaboration. J’ai une passion pour le son et j’ai été pris d’une passion soudaine pour la magie. Cela provoque chez le public des sentiments différents. Travailler avec Thierry m’a permis de mêler ces deux passions.

Thierry Collet a une approche personnelle de la magie.

Oui, pour lui, la magie est là pour réveiller le public et non pour les endormir. C’est une chance de pouvoir travailler avec lui. Thierry n’a pas une approche traditionnelle de la magie. Il souhaite qu’elle mette en évidence ce qui se passe dans notre cerveau. Tout est une illusion créée par le cerveau.

Comment un son peut devenir une illusion ?

C’est la même chose. C’est toujours le cerveau qui analyse et va créer une illusion. Donc on peut le piéger. Il est possible de ne pas être d’accord sur une même écoute. Alors que l’on remet en cause une image, on ne le fait jamais avec le son. On ne s’interroge pas sur notre façon d’écouter. L’ouïe est tout simplement sous-exploitée.

Pourquoi ?

C’est culturel. Cela reste une gros questionnemment. L’ouïe est le sens de la vérité. Nous sommes plus habitués à dénoncer la manipulation des images, notamment dans la publicité. Pourtant nous sommes tous conditionnés. Par exemple, vous lâchez un caillou dans un trou, vous entendez un plouf et vous vous dites : il y a de l’eau. Ce n’est pas certain.

Est-ce qu’il faut apprendre à écouter ?

En tant qu’ingénieur du son, j’ai appris à écouter. Dans les médias, on peut tous se faire piéger à notre insu parce qu’il existe beaucoup de montages de sons. Et c’est quasiment indétectable. Il est facile de capter les voix d’une personne et de lui faire dire n’importe quoi. Dans les films, il y a énormément de bruitages. Je peux faire le bruit d’un feu de camp avec un vieux balai.

Comment avez-vous imaginé ce spectacle, Les Murmures ont des oreilles ?

C’est une performance hybride d’une heure. Ce n’est ni un concert ni un spectacle de magie. Nous sommes entre les deux. Nous avons cherché le dispositif pendant un an et demi. C’est très interactif. Nous faisons écouter au public des sons et nous leur demandons s’il a entendu la même chose. Nous mettons alors en évidence les illusions provoquées par nos cerveaux. Nous allons vivre plusieurs expériences sonores magiques.

Infos pratiques

  • Samedi 16 mars à 17 heures et à 20 heures à la salle Hector-Malot à Hénouville.
  • Dimanche 17 mars à 16h15 au gymnase Guy-de-Maupassant à Fleury-sur-Andelle
  • Mardi 19 mars à 17h30 et 20h30 au Casino à Bonsecours
  • Mercredi 20 mars à 17h30 et 20h30 à La Pépinière à Roncherolles-sur-le-Vivier
  • Vendredi 22 mars à 20h30 à La Traverse à Cléon. Tarifs : 12 €, 8 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 81 25 25 ou sur www.latraverse.org
  • Spectacle tout public à partir de 12 ans