photo Marc Melki
photo Marc Melki

Poète, romancier, essayiste, Nimrod a passé six semaines à Duclair, dans le cadre d’une résidence proposée par le festival Terres de Paroles qui se tient jusqu’au 2 juin. Grand admirateur de Léopold Sédar Senghor, l’écrivain, aussi philosophe, né au Tchad, a un thème de prédilection, l’exil. Son dernier roman, Un Balcon sur l’Algérois, est le récit d’une passion amoureuse entre un jeune Africain, assoiffé de culture, et une femme de pouvoir.

Qu’est-ce qui est important lors d’une résidence lorsque l’on est écrivain ?

Pour un écrivain, ce qui est important, c’est qu’il est hors de chez lui. Toutes les obligations quotidiennes sont à distance. De plus, il n’a pas sa bibliothèque et il peut travailler à n’importe quelle heure. On peut se comporter comme un étudiant. Lorsque je suis chez moi, je reste pendant trois semaines sur un chantier, puis je change. Je passe du roman, à l’essai et à la poésie. En résidence, ce n’est pas possible.

L’écriture est donc différente.

En résidence, comme on est détaché de plein de choses, on peut garder l’impulsion de départ. Ce sont en fait des moments de crachoir. On peut penser que c’est très simple. En fait, c’est très compliqué. Comme pour trouver un style. On se tue parfois à avoir un style. Cependant, quand un style s’entend, il est mauvais. Un vrai style ne se remarque pas.

Est-ce que les lieux vous influencent ?

Tous les lieux influencent. Ils m’inspirent. Celui-ci d’autant plus parce qu’il y a la Seine. Je suis un pêcheur. J’ai grandi près d’un grand fleuve, vraiment un grand fleuve dont les berges mesuraient 5 km en période de crue. La Seine est un petit caniveau.

Qu’avez-vous écrit à Duclair ?

J’ai tenu un journal. J’ai beaucoup écrit et je ne sais pas du tout ce que je vais faire avec tous ces mots. Il me faudra des années pour me les approprier. Pour Un Balcon sur l’Algérois, j’ai ressorti des carnets des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. J’ai que les choses viennent à l’improviste.

Qu’est-ce qui vous a amusé lors de votre résidence ?

Il y a une ruralité. Il y a une manière d’aborder les gens qui est propre au monde rural. J’ai retrouvé ici une forme de curiosité. L’étranger, c’est l’autre. Mais j’ai fait de belles rencontres.