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« En recherche d’anecdotes »

photo David Alouane
photo David Alouane

Reprise des concerts au Rêve de l’escalier à Rouen. La librairie rouennaise accueille vendredi 19 septembre Jullian Angel pour quelques chansons et quelques poèmes. C’est un artiste lillois qui se fait plutôt discret. Pourtant, c’est un auteur prolifique qui crée des ambiances entre ombre et lumière. Mélodiste doué, Jullian Angel a lutté contre ses démons dans son dernier album, Kamikaze planning holidays. Au Rêve de l’escalier, il interprète ses chansons et aussi quelques poèmes qu’il fera paraître dans un recueil complété par un album instrumental.

 

 

 

Vous venez chanter dans une librairie. Est-ce la première fois ?

Je viens chanter régulièrement dans différents lieux. Dans une librairie, c’est un peu plus rare. L’idée me plaît beaucoup. D’autant que je vais sortir un recueil de poèmes en marge de ma carrière musicale. Nous serons à mi-chemin entre le concert et la lecture.

 

Avez-vous commencé à écrire des poèmes en même temps que les chansons ?

Les poèmes sont venus plus tard. Comme les chansons, ils sont écrits en anglais. En fait, j’écris tout le temps et j’ai beaucoup de phrases qui sont juste couchées sur le papier et qui ne sont pas destinées à finir en chanson. A un moment donné, cela aboutit à un poème mais pas à une chanson. Le poème permet de mettre les mots encore plus à nu.

 

Est-ce un exercice d’écriture plus difficile que la chanson ?

Oui, c’est un exercice beaucoup plus dur. Dans un poème, il n’y a rien pour cacher le texte. Quand j’écris, j’ai encore une approche de musicien. Je réagis encore comme un musicien. Cependant, j’ai plus de liberté en terme de rythme, de rime. La chanson pop-folk impose des contraintes avec les couplets et les refrains. Là, je me débarrasse de la rime et ce peut être de la prose. Par ailleurs, je trouve intéressant de lire les textes par dessus la musique. J’ai tout un album instrumental, une suggestion de bande-son que je vais glisser dans l’ouvrage. Ce sera comme une proposition musicale.

 

Est-ce que vous êtes autant attaché au sens dans les poèmes que dans les chansons ?

Oui, je suis très exigeant sur le sens, sur la matière intellectuelle. Entre la musicalité et le sens, je ne veux pas choisir. Je reste fidèle à ce que j’ai envie d’exprimer.

 

Pensez-vous aux nouvelles, au roman ?

Oui, j’aimerais aller plus loin que les poèmes. Mais je ne connais pas le milieu de la littérature. Je vais y mettre un pied petit à petit.

 

Est-ce que les thèmes des poèmes sont éloignés de ceux des chansons ?

Ces poèmes ont pris l’inspiration dans un bar. Quand j’écris, je suis au comptoir. Ce n’est pas le lieu le plus adapté pour cet exercice parce qu’il y a le serveur, un pilier de comptoir ou une charmante demoiselle. Mais cela me va bien. J’écris sur des flyers. C’est un modèle qui me va bien. Les feuilles ont des formats trop intimidants. Tout ce recueil est un condensé d’années d’écriture. Tous les jours, je me pose pendant deux, trois ou quatre heures. Tout dépend de ce qui se passe autour. Je suis en recherche d’anecdotes. Ces poèmes peuvent comporter seulement trois ou quatre lignes. Ils disent l’essentiel. En revanche, dans les chansons, je profite de ce format pour être plus impudique, notamment dans le dernier album qui est très autobiographique. Quelques textes sont d’ailleurs liés à cet album. Il est difficile de faire le tour de la même histoire en un album de douze chansons.

 

Etes-vous un grand lecteur ?

Non. J’ai un gros problème de concentration. C’est un peu paradoxal pour quelqu’un qui a des envies d’écriture. La musique a un peu écarté tout cela. Je peux commencer dix romans et, dix ans plus tard, en avoir terminé seulement un ou deux.