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# 16 / Encore des incertitudes au CEM et au Kalif

Ouvriront-elles ou pas ? Oui mais pas avec tout le monde. Les écoles de musique, comme le Kalif à Rouen et le CEM au Havre, restent dans l’expectative. Les deux équipes inventent de nouveaux moyens d’enseigner.

Le Kalif à Rouen et le CEM (centre des expressions musicales) au Havre traversent aussi une période d’incertitude et d’inquiétude. Les deux structures culturelles associatives, dédiées aux musiques actuelles, sont sur pause avec des équipes en chômage partiel. Leurs studios de répétition sont fermés. Tout comme leur école de musique. 

Il faudra encore attendre pour venir répéter. Au Kalif, il passait une centaine de personnes chaque jour. « Nous prêtons aux musiciens du matériel, des câbles… Il y a sans cesse des échanges. Nous avons de choses à mettre en place pour assurer la sécurité de tous. Ce n’est pas infaisable mais nous n’avons pas encore la solution technique », commente Stéphane Maunier, directeur du Kalif.

Vont-elles rouvrir le 11 mai ? Pas sûr. Le Kalif avec une quinzaine d’enseignants, reçoit 300 élèves et le CEM qui compte 40 professeurs en accueille 1 200.  « Nous attendons tout d’abord les règles de déconfinement. Cela nécessite bien évidemment une organisation en interne avec la possibilité d’avoir des masques et du gel hydroalcoolique pour tout le monde, les salariés et les élèves », explique Stéphane Maunier. Même remarque de la part de Doris Le Mat-Thieulen du CEM : « c’est compliqué parce que nous n’avons pas de cadre. Nous allons venir au CEM le 11 mai et décider de tout un plan de mesures sanitaires. Comme nous pouvons le faire en période d’épidémie de gastro avec, par exemple, les micros qui passent de bouche en bouche. Celle fois, il y aura des gestes supplémentaires ». 

Un geste de solidarité

Dans un premier temps, le Kalif va reprendre les cours individuels. Pour les CHAM (classes horaires aménagés musique), il faut attendre les directives du minis!re de l’Éducation nationale. Quant aux cours collectifs, Stéphane Maunier et Doris Le Mat-Thieulen partagent la même idée : il faudra être inventif. « Les profs ont carte blanche. Ils font avec leur savoir-faire et ont prévu de faire travailler leurs élèves sur différents formats. Il y a plein de choses à imaginer », remarque la chargée de communication du CEM. Au Kalif, l’enseignement à distance est également envisagé. « Nous sommes en réflexion sur les tutos et autres moyens vidéo. Il faudra aussi trouver des moyens pour ne pas creuser les inégalités entre profs et entre élèves. Ce que nous apporte cette époque, c’est que nous sommes contraints de chercher des solutions », ajoute Stéphane Maunier.

Comme pour toutes les structures culturelles, la crise sanitaire vient bouleverser l’équilibre financier fragile du Kalif, comme du CEM. Ils fonctionnent avec une partie de fonds publics et de recettes propres issues des inscriptions à l’école et des locations de studios de répétition. L’un et l’autre ont bénéficié d’un geste de solidarité puisque plusieurs élèves n’ont pas demandé le remboursement des cours.

Le CEM, comme au Kalif, c’est aussi une programmation musicale pendant la saison. Là, pas de concerts depuis plusieurs semaines. La structure havraise a annulé son CEM on fest, prévu du 27 au 29 mars 2020. À Rouen, le Kalif se faisait une joie de proposer la 20e édition des Terrasses du jeudi durant tout le mois de juillet. Pour l’instant, aucun festival ne peut se tenir jusqu’à mi-juillet. Les deux premiers rendez-vous ne pourront donc pas se dérouler comme les années précédentes. Et après ? « Il nous manque encore des informations pour prendre une décision qui sera collective, indique Stéphane Maunier. Nous avons tous envie de passer à autre chose. Mais est-ce que la réalité va nous donner la possibilité d’organiser les Terrasses ? » C’est la question qui tourne dans les têtes des acteurs et actrices culturelles.